DU RÉSEAU SPATIAL
Au début des années 1990, déjà, des velléités de mettre sur orbite de grosses constellations pour convoyer internet s’étaient fait jour.
En 1990, les Américains Craig McCaw, pionnier du téléphone mobile, et Bill Gates
lancent le projet Teledesic et annoncent l’envoi, d’ici à 2001, de 840 satellites en orbite basse, pour un budget total de neuf milliards de dollars et une mise en service en 2002. À l’époque, un satellite pèse près de deux tonnes. Leur nombre est rapidement revu à la baisse en 1998, à 288, avant que le projet ne soit finalement enterré quelques années plus tard. « La réception sur Terre était très mauvaise, explique Christophe Bonnal, expert au Cnes, parce que les satellites n’avaient pas la puissance nécessaire et les téléphones portables étaient encore très encombrants. »
Devant l’afflux de capitaux, de nombreuses sociétés se montent et… disparaissent vite. Arnaud Saint-Martin se souvient ainsi qu’il avait visité, à l’occasion de l’écriture d’un livre sur le New Space, trois entreprises lancées dans l’internet des objets, en Californie et au Texas. Elles avaient réuni, lors de leurs tours de tables, entre trois et dix millions de dollars. Mais le temps de son séjour, ces trois entreprises avaient déjà mis la clé sous la porte.
« Dans les années 2000, la technologie pour les satellites évoluait aussi très vite, constate Philippe Owezarski, directeur de recherche au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du CNRS. Les premiers satellites lancés, notamment par Iridium (48 à l’époque, alors qu’ils devaient en lancer 300), se sont montrés obsolètes avant même que soient envoyés les suivants. » Mais cela ne risque plus de se reproduire. « Les satellites sont de plus en plus pilotés par logiciels alors qu’avant, les satellites n’étaient que des tuyaux qui ne faisaient que transiter l’information, et ne pouvaient pas être actualisés à distance », commente Élodie Viau, directrice des télécommunications et des applications intégrées de l’Agence spatiale européenne. Désormais, quand un satellite n’est plus aux normes, on le met à jour, comme sa box !