Une enzyme gloutonne de plastique
La société clermontoise Carbios a modifié une protéine d’origine bactérienne afin qu’elle recycle à l’infini les plastiques PET.
Que faire du PET (polyéthylène téréphtalate), ce matériau plastique de la famille des polyesters qui compose les fibres de vêtements et les emballages? Broyé en paillettes, il ne pouvait être réutilisé qu’une seule fois avant sa mise à la décharge. Jusqu’à ce que des chercheurs de l’Institut de biotechnologie de Toulouse découvrent qu’une enzyme – qui, à l’état naturel, participe à la dégradation des plantes – arrive à le recycler à hauteur de 3 %. ÉCOLOGIQUE. En dix ans de recherche, la société clermontoise Carbios a perfectionné le procédé et est arrivée à hisser ce score à près de… 97 %! Mieux, cette pépite de la chimie verte française, qui a levé 114 millions d’euros au printemps dernier, est même parvenue à déconstruire la chaîne de molécules du PET et à les recombiner pour recréer un plastique neuf. Qui plus est, le processus préserve les performances des matériaux et, surtout, évite le recours au pétrole lors de leur fabrication. Une petite révolution à l’heure où 70 % des 75 millions de tonnes de PET produites chaque année dans le monde ne sont pas recyclées. Carbios a installé un démonstrateur dans une usine pneumatique désaffectée de Michelin afin de valider le procédé. Celui-ci peut traiter l’équivalent de 100000 bouteilles en plastique en dix heures. C’est la première étape vers le stade industriel et la construction d’une usine à part entière début 2025.