MIEUX ANTICIPER POUR MIEUX AGIR
«Tout cela montre encore une fois à quel point il est important de nous engager de manière profonde et systématique à l’avenir dans le programme climatique et environnemental. » On pourrait s’en féliciter dans un autre contexte. Quand même Vladimir Poutine, pourtant climatosceptique avéré, finit par tirer aussi la sonnette d’alarme. Des propos tenus en août dernier, six mois avant de mettre l’Ukraine à feu et à sang, mais alors que les forêts sibériennes étaient en proie aux flammes, et le sud de la Russie aux inondations. Cherchez l’erreur. Moins nombriliste, le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’alarme, lui, de la situation planétaire. Parce que son état des lieux, rendu public fin février, est accablant. « Un atlas de la souffrance humaine », a résumé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, martelant que « près de la moitié de l’humanité vit maintenant dans la zone de danger [et que] de nombreux écosystèmes ont atteint leur point de non-retour ». Et d’insister que « les faits sont indéniables ».
Mais une fois qu’on a dit ça,
on fait quoi? Alors que les marches pour le climat se succèdent, le monde continue de tergiverser, le choc énergétique causé par la guerre en Ukraine venant s’ajouter au problème. Déjà, il faut « faire face à l’augmentation des phénomènes extrêmes », répond pour sa part le Forum d’information sur les risques majeurs. À l’occasion de sa quatorzième édition, à Montpellier, le mois dernier, ses organisateurs ont ainsi tenu une table ronde pour discuter des moyens d’y parvenir. Et décerné un trophée à la métropole hôte pour « Ville en alerte », son outil de surveillance et de gestion en temps réel du risque hydrologique, qui vise donc à réduire les conséquences des inondations. Actuellement opérationnel dans une trentaine de communes, il est le fruit d’un partenariat entre plusieurs entreprises. Parmi elles, Predict Services, une start-up montpelliéraine qui, en l’espace de quinze ans, s’est imposée comme une référence mondiale dans la prévention des phénomènes météorologiques intenses.
Comme quoi,
tout le monde n’attend pas que la catastrophe se produise pour tenter de sauver des vies. Parce que les nouvelles technologies offrent aujourd’hui des moyens de mieux anticiper les inondations, les feux de forêt, les tremblements de terre et même les impacts de météorites. Et en conséquence de mieux agir sur ces événements lorsqu’ils sont déclenchés, ce que nous souhaitons justement vous montrer dans ce numéro. Une lueur d’espoir numérique particulièrement bienvenue en ces temps de turbulences et d’angoisse. Mais à ajouter à celle que nous offre également Michel Bussi qui, dans Nouvelle Babel, son dernier roman, nous projette dans un futur où le monde s’est débarrassé de ses frontières, de ses considérations nationalistes et donc de ses conflits meurtriers. Bref, le cauchemar de Poutine. Une utopie? Le maître du polar, que l’on n’attendait pas sur le terrain de l’anticipation, considère l’hypothèse crédible, et s’en explique. Après tout, combien de fois la réalité n’a-t-elle pas dépassé la fiction…