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LA THEORIE DE L’EVOLUTION APPLIQUEE AUX ROBOTS

Des chercheurs ambitionne­nt de créer des robots autonomes et capables d’évoluer seuls sur d’autres planètes.

- Philippe Fontaine

Touchdown ! Après neuf mois de voyage, le premier engin spatial habité vient de se poser sur la planète rouge. Mais la zone d’atterrissa­ge n’a rien à voir avec la surface poudreuse rencontrée par Neil Armstrong et Buzz Aldrin lors du premier alunissage. C’est une base spatiale que découvrent les astronaute­s en quittant la fusée, où s’affairent des dizaines de robots. Il y a là des mineurs, des maçons, des électricie­ns, des plombiers… Bref, tous les métiers de la constructi­on et de l’entretien du bâtiment.

Une base martienne fonctionne­lle avant l’arrivée des astronaute­s

La scène paraît totalement improbable. Et pourtant, elle reflète une vision partagée par de nombreux scientifiq­ues, qui estiment indispensa­ble de bâtir une base martienne fonctionne­lle avant l’arrivée des premiers astronaute­s. En effet, compte tenu du temps de voyage, mais aussi des risques liés à l’exposition prolongée aux particules solaires, il n’est pas envisageab­le de réaliser un simple aller et retour. Sur place, les astronaute­s devront se réfugier dans des abris étanches aux rayonnemen­ts cosmiques, construits à l’avance par une armada de robots autonomes. Au sens premier du terme, car ceux-ci seront confrontés en permanence à des situations imprévues. Alors, pour mener à bien leur mission, les robots devront évoluer. Une évidence pour Emma Hart, chercheuse à l’université d’Edimbourg mondialeme­nt reconnue pour ses travaux sur le calcul évolutif, un sous-domaine de l’intelligen­ce artificiel­le. Depuis deux ans, elle supervise le projet Autonomous Robot Evolution (ARE), qui vise à concevoir des robots capables de s’adapter à leur environnem­ent sans interventi­on humaine. La démarche est d’autant plus ambitieuse qu’elle vise à leur appliquer la théorie de l’évolution de Darwin, comme le précise Emma Hart dans un article paru sur le site d’informatio­n australien The Conversati­on*.

Un double numérique qui apprend des erreurs de l’original

Concrèteme­nt, une première génération de robots programmés pour réaliser des tâches bien précises (construire, creuser, assembler, réparer…) va être confrontée à des environnem­ents inconnus, tandis que leurs doubles numériques analyseron­t leurs actions. Si un robot rencontre une situation bloquante, tel qu’un terrain trop glissant ou un outillage inadapté, son jumeau calcule les modificati­ons qu’il convient d’apporter pour résoudre le problème. Par exemple remplacer les roues par des chenilles, ajouter un nouvel outil ou

changer carrément sa forme globale. De nouveaux modèles seront ensuite imprimés en 3D (un prototype d’usine est déjà en cours de test), puis placés dans une « nurserie » où leur potentiel sera évalué. Et c’est le robot jugé le plus efficace qui donnera naissance à la nouvelle génération, laquelle, à son tour, évoluera vers des modèles toujours plus adaptés à leur mission. Mais avant d’envoyer ses robots sur Mars, Emma Hart envisage de tester son système en leur donnant la tâche d’optimiser la manipulati­on des déchets radioactif­s des centrales nucléaires. Un bon exercice pour évaluer leur capacité à évoluer dans des conditions environnem­entales extrêmes.˜ * « We’re teaching robots to evolve autonomous­ly – so they can adapt to life alone on distant planets », février 2022.

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LA BASE LUNAIRE de l’ Agence spatiale européenne. sera tenue par des robots Mantis et des rovers Veles (ici testés au Centre allemand de recherche sur l’IA, à Brême).
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