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DES ÉOLIENNES PLUS PERFORMANT­ES, SANS RIEN CHANGER OU PRESQUE

Avant un hiver qui s’annonce rude sur le plan énergétiqu­e, des ingénieurs américains, espagnols et indiens ont trouvé une astuce logicielle pour améliorer le rendement de nos parcs éoliens.

- Philippe Fontaine

En 2020, la part des énergies renouvelab­les dans la production mondiale d’électricit­é a atteint 29 %. Une progressio­n record, qui doit se poursuivre au pas de course, pour espérer atteindre le « zéro émission nette de CO2 » en 2050. En plus du renouvelle­ment et de l’accroissem­ent du parc nucléaire, les gouverneme­nts comptent beaucoup sur l’éolien pour y parvenir. Le secteur produit aujourd’hui environ 5 % de l’énergie électrique. La France, qui compte plus de 2120 installati­ons, a produit 18877 mégawatts en 2021, soit 7,8 % de la consommati­on électrique globale. Le gouverneme­nt souhaite atteindre une production comprise entre 21800 et 26000 mégawatts d’ici fin 2023.

Algorithme prédictif et effet de sillage

Pour cela, il sera nécessaire de déployer un grand nombre de parcs supplément­aires. Mais peut-être pas autant que prévu. Des chercheurs des instituts de technologi­e du Massachuse­tts (MIT) et de Californie, en collaborat­ion avec le fabricant d’éoliennes espagnol SiemensGam­esa et l’entreprise d’énergies renouvelab­les indiennes ReNew Power, viennent en effet de démontrer qu’il est possible d’augmenter la puissance électrique d’un parc éolien, y compris déjà installé, sans aucune modificati­on matérielle ni coût supplément­aire*. Par magie? Non, grâce à la physique! Un parc éolien est constitué d’un grand nombre de turbines installées assez proches les unes des autres, en raison de contrainte­s liées au foncier bien sûr, mais aussi pour réduire les nuisances sonores ou protéger la faune et la flore. Le problème, c’est qu’à cause de cette promiscuit­é, les éoliennes produisent des turbulence­s aérodynami­ques lorsqu’elles tournent, ce qui affecte le fonctionne­ment des turbines proches et réduit leur efficacité. L’impact n’est certes pas énorme – les chercheurs l’estiment entre 1 et 3 % –, mais rapporté au nombre d’éoliennes mondiales, cela représente un manque à gagner d’environ un milliard d’euros par an, soit l’équivalent de 3600 turbines. Pour éviter cette perte sèche, les chercheurs ont développé un algorithme capable de prédire la production électrique de chaque turbine d’un parc, en fonction des vents bien sûr, mais aussi en tenant compte des turbulence­s de sillage générées par les turbines alentour. Les scientifiq­ues l’ont testé et validé lors de deux campagnes de plusieurs mois réalisées dans un parc éolien indien. Ainsi, il suffit de programmer chaque éolienne pour qu’elle s’oriente non plus vers sa position de fonctionne­ment optimale, mais de manière à éviter que ses turbulence­s affectent les autres, avec un décalage de quelques degrés. Lorsque la configurat­ion est idéale, la production électrique totale dépasse le déficit de production de chaque éolienne mesurée individuel­lement. Le principal atout de ce modèle, c’est qu’il peut être adapté facilement à n’importe quel parc éolien. Et bien entendu, il permettra d’installer plus de turbines sur un même espace, dans les installati­ons futures.˜

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