RÉVOLUTION SONORE
Décidément, « l’immersif » est à la mode. Musée, cinéma, théâtre, concert, bar, restaurant, jeu… L’adjectif semble pouvoir, et vouloir, s’accoler à tout et n’importe quoi. Ainsi, à Paris, même le Grand Palais devient-il « immersif » lorsqu’il s’installe au mois de mars dans une salle abandonnée de l’Opéra-Bastille pour y accueillir Éternel Mucha, une exposition consacrée au peintre et illustrateur tchèque Alfons Mucha. Ainsi, Le Labyrinthe, autre expo sur l’univers extraordinaire du cinéaste Tim Burton, est-elle présentée comme une expérience ludique et… « immersive ». À vérifier à partir du 19 mai au parc de la Villette. Ainsi, aux antipodes de ces deux événements culturels, le restaurant Ephemera, ouvert depuis un an au pied de la Bibliothèque François Mitterrand, invite-t-il ses hôtes à expérimenter, le temps d’un repas, la « food immersion ». Au menu, de la cuisine gastronomique et un univers mélangeant décor de cinéma et vidéoprojections, le tout agrémenté de sons et lumières. Inattendu. Ainsi l’immersif n’en finit-il plus de s’accommoder à toutes les sauces, et le fait est que cela semble effectivement attirer le public. Pour preuve, le spectacle multimédia Van Gogh Alive the experience qui, depuis 2017, a tourné dans plus de 70 villes sur quatre continents, totalise à ce jour plus de 8,5 millions de spectateurs! Un record. Sur son site, ses organisateurs avancent d’ailleurs qu’il s’agit là de « l’expérience multisensorielle la plus visitée au monde ». Une expérience (en ce moment à Francfort, en Allemagne) qui, s’appuyant sur les technologies actuelles, entend littéralement immerger ses visiteurs dans l’oeuvre de Van Gogh, avec une projection à 360 degrés et un mapping vidéo de ses différents tableaux dans un immense espace de 750 mètres carrés. « Une nouvelle approche de l’art […] qui transcende les installations traditionnelles », nous dit-on. Une approche qui cherche surtout à nous en mettre plein les yeux. Mais pas que, car l’image à elle seule ne garantit pas l’immersion… Et voilà donc où nous souhaitons en venir. Dans ce numéro, dont le dossier principal est justement consacré à cette tendance à la multiplication et à la diversification des expériences immersives, nous avons décidé d’oublier un peu l’image pour vous parler plutôt du son. Parce que… pas d’immersion sans son! D’ailleurs, rappelez-vous, nous l’évoquions déjà au mois de janvier, lors d’un entretien avec Jean-Michel Jarre. « À l’heure du métavers et de l’émergence de tous ces mondes immersifs dont on parle tant, le son occupe une place centrale, nous expliquait l’artiste. Parce que notre champ visuel n’atteint que 140 degrés, quand notre champ auditif est de 360. Ce qui signifie que l’être humain est d’abord sensible par les oreilles à la sensation d’immersion. » Une évidence dès qu’on y pense… Rendez-vous donc à quelques pages d’ici pour découvrir cette révolution sonore qui est en train de s’opérer et donne enfin tout son sens à l’immersion.