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Le binaural, un moyen d’échapper au réel

TROIS QUESTIONS À HERVÉ DÉJARDIN, INGÉNIEUR DU SON ET RESPONSABL­E DE PROJETS AU SEIN DU DÉPARTEMEN­T DE L’INNOVATION AUDIO DE RADIO FRANCE.

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À l’heure de la spatialisa­tion des sons, en quoi la stéréo montre-t-elle ses limites ? Contrairem­ent à un mode de reproducti­on immersif, le format stéréo ne peut pas reproduire une scène sonore à 360 degrés. Son angle d’ouverture est seulement de 60 degrés. C’est une écoute frontale, le son ne peut se déplacer que de gauche à droite. La stéréo est un artefact d’écoute esthétique­ment agréable auquel nous nous sommes habitués depuis les années 1980, avec le bond des walkmans, mais elle ne génère pas une réalité.

Vous êtes à l’origine de nombreux concerts en audio immersif. Quels retours avez-vous eu du public ? Les enquêtes menées auprès du public lors de concerts nous confirment que, pour beaucoup d’auditeurs, l’immersion dans le son est une expérience sensible émotionnel­lement. Le musicien et son public sont immergés dans un même cocon sonore symbolisé par une douzaine de haut-parleurs positionné­s en cercle autour d’eux et qui diffusent un son à 360 degrés. Cette dispositio­n, associée à une musique dont la rythmique est un élément essentiel, nous ramène un peu à un esprit de tribu. Une tribu élargie, puisque nous diffusons nos concerts en direct sur la radio FIP électro, pour une écoute en binaural avec casque.

Pensez-vous que le binaural va s’imposer ? Aujourd’hui, dans tous les secteurs, il y a un vrai besoin d’immersion. Dans les jeux vidéo, au cinéma, dans la musique… Et le métavers et la réalité virtuelle sont en plein essor. Le son binaural a donc tout pour s’imposer. Surtout en France, qui est l’un des pays les plus innovants et les plus avancés dans ce domaine.

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