Le moral des éleveurs de canards est au plus bas
Des abattages préventifs de palmipèdes vont être lancés
C’est un moment très difficile pour les 535 entreprises investies dans la filière landaise du canard (et les 5 500 salariés qu’elles emploient). Pour tenter d’éradiquer la crise aviaire qui sévit dans le Sud-Ouest depuis plusieurs mois, le ministre de l’agriculture, Stéphane le Foll, a annoncé mardi l’abattage préventif de 360000 palmipèdes. Un vide sanitaire général va être progressivement réalisé dans les semaines à venir dans quatre départements du Sud-Ouest, dont les Landes, premier producteur national de foies gras.
« Je n’ai pas fait ce métier pour mettre mes canards à la poubelle! »
Serge Mora, éleveur gaveur.
« Vendredi, mes deux bandes [une bande étant une même classe d’âge d’animaux] d’élevage, de belles bêtes âgées de 51 et 80 jours, soit 1400 canards, vont être abattues, soupire Serge Mora, éleveur gaveur de canards depuis 1978 à Mugron, dans les Landes. En plus c’est la seconde année… Je n’ai pas fait ce métier pour mettre mes canards à la poubelle! » Une mesure d’autant plus rageante qu’aucun foyer n’a été détecté dans cette exploitation artisanale. « Les gros soucis sont arrivés chez les éleveurs avec un schéma industriel », se défend l’éleveur, membre du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), sans remettre en cause le vide sanitaire, « la seule solution » à l’heure actuelle. Installé à Buanes, dans les Landes, Jean-Pierre Dubroca, éleveur et responsable de la section palmipèdes de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), a déjà emmené ses 8 500 bêtes à l’abattoir, le 9 janvier. Lui aussi n’avait eu aucun cas d’influenza aviaire déclaré dans son exploitation, mais se trouvait à 3 ou 10 km d’un foyer déclaré. Pour lui, il ne faut pas opposer les modèles artisanaux et industriels, mais « tirer les enseignements de cette crise » et améliorer encore les précautions sanitaires.