Les recettes miracles des séries pour mobiles
Blackpills, une application de fictions de quelques minutes, est lancée en France
Mater une série sous sa couette, c’est « old ». Les applis de séries sont arrivées. Après Studio+, lancé par Canal+ fin 2016, Blackpills, créée par Daniel Marhely, cofondateur de Deezer, et Patrick Holzman, ex-Allociné, Free et Canal +, sera disponible dans les prochains jours. On assiste ainsi à l’avènement de la série « fast-food » de qualité, avec des épisodes de huit à douze minutes. « Tank », la série phare de Studio+, a reçu le prix de la meilleure websérie au Festival de la fiction TV de La Rochelle en septembre, et Blackpills compte Zoe Cassavetes (la fille de John et la soeur de Nick) parmi ses auteurs avec « Junior ». Alors, c’est quoi la clé d’une bonne série pour mobile ? En dix minutes, on ne peut pas tout faire. « Il faut simplifier la structure narrative » , résume Patrick Holzman. La mécanique de la série – créer l’attente, donner envie de connaître la suite – reste la même. « Il faut des
« Il faut des respirations dans le récit pour accélérer par moments. » S. Bodin, réalisateur de « Tank »
respirations dans le récit pour pouvoir accélérer par moments », explique Samuel Bodin, réalisateur de « Tank ». « Lorsqu’on regarde une série sur un téléphone dans le métro, il doit se passer tout le temps quelque chose, de l’action ou des dialogues, pas des grands plans sur des paysages », explique Gilles Daniel, créateur de « Face au diable », la websérie politique de Studio 4. Inspirée par une esthétique Nouvelle Vague, Blackpills affirme son goût de l’authenticité – peu de décors fabriqués ou de lumières artificielles – pour jouer sur la proximité entre les personnages et le spectateur. « La seule contrainte formelle imposée par le téléphone, c’est d’éviter les scènes trop claires ou trop obscures, difficilement visionnables », précise Samuel Bodin. Le ton et l’univers de « Tank » détonnent, mais « Junior », « Playground » et « All Wrong », de Blackpills, restent classiques. La durée des épisodes mise à part, ces séries auraient pu être diffusées sur Showtime ou Netflix sans choquer personne. Pour l’éclatement de la forme, il va falloir patienter. « En matière d’écriture, il existe peu d’expertise, mais les talents apprennent vite », s’enthousiasme Patrick Holzman. La révolution est en marche, et on n’a pas fini de se goinfrer d’histoires.