« Les JO sont une victoire collective, une victoire pour la France »
FRANÇOIS HOLLANDE
Apeine élu en 2012, il a été le premier à lancer l’idée d’une nouvelle candidature française pour accueillir les Jeux olympiques. Au moment où la France fête officiellement sa victoire pour 2024, l’ancien président de la République François Hollande, désormais à la tête de la Fondation la France s’engage, s’est confié mercredi à 20 Minutes.
Ces Jeux en France, est-ce une victoire personnelle ?
C’est une victoire collective, une victoire pour la France. Rien n’aurait été possible s’il n’y avait pas eu cette alliance entre l’Etat, la Ville de Paris, les collectivités et, surtout, le mouvement sportif. C’est bien qu’il puisse y avoir des causes qui rassemblent.
Pourquoi accueillir les Jeux était-il si important pour vous ?
Les Jeux vont imprégner une génération, par les valeurs qu’ils portent, par l’ampleur de l’événement et les investissements qui en découlent. C’est un défi pour la nation. On a été capable de se réunir pour obtenir ces Jeux, mais le plus difficile arrive : est-ce que l’on est capable de rester unis, dans notre diversité, pour qu’ils soient un succès ?
Vous avez confié avoir pris un risque en vous engageant dès 2012. Parce qu’il y avait beaucoup d’oppositions ?
Cela n’était pas une évidence à l’époque. Il restait des blessures à vif des précédents échecs [des candidatures aux JO]. Mais, à un moment, il faut une voix, qui ne peut être que celle du chef de l’Etat, pour dire que la France est prête.
Convaincre la Mairie de Paris a-t-il été si difficile ?
Avant de s’engager, la Ville de Paris a pesé le pour et le contre, notamment la question des coûts. J’ai compris ces réserves. Pour les lever, il fallait démontrer que l’Etat serait là, comme un partenaire et non comme l’acteur principal. Qu’il ferait en sorte de fédérer, et de s’effacer pour que la Ville et le mouvement sportif puissent être en première ligne. Ce sont ces arguments qui ont, je pense, convaincu Anne Hidalgo et ensuite le Conseil de Paris.
Comprenez-vous l’opposition d’une partie des Français à ces Jeux ?
La population, de Paris mais aussi du pays tout entier, se pose deux questions. D’abord, est-ce que ça ne va pas coûter trop cher ? Il faut rassurer, en disant que beaucoup d’équipements existent déjà, et que ce qui sera réalisé va rester pour tous les habitants, au service des générations futures. Autre interrogation, l’environnement et la qualité de la vie, avec les travaux, les désagréments… Nous avons voulu que la candidature soit exemplaire dans l’innovation technologique et sur le développement durable, dans la continuité de la Conférence de Paris sur le climat [en 2015].
Il y a aussi la crainte des attentats. Organiser les Jeux, est-ce faire de la France une cible prioritaire ?
Il n’y a pas qu’en France qu’il s’est produit des attentats. Nous avons organisé l’Euro dans une période durant laquelle la menace était maximale. On a démontré qu’on était les mieux préparés pour organiser cette compétition. Quand je suis allé à Rio en août 2016 pour défendre notre candidature, la seule question qui m’était posée était : avec les attentats, êtes-vous encore candidat? Ma réponse : nous sommes d’autant plus candidat. Les Jeux sont une réponse à ce qui nous est arrivé.
Aurez-vous un rôle dans l’organisation de ces Jeux ?
Pas un rôle direct. En ce qui me concerne, il y aura des projets autour des Jeux qui pourront être soutenus par la Fondation. Et elle le fera avec tout mon engagement personnel.
Où serez-vous au mois d’août 2024 ?
Je ne serai pas sur la piste, malgré l’entraînement poussé que je pourrais engager dès maintenant (sourire). Mais je serai en tribunes pour l’ouverture, je l’espère.
Aurez-vous un pincement au coeur de ne pas récolter les fruits de votre travail ?
J’aurai un battement, pas un pincement. Quand je travaillais pour la candidature, je savais que je ne serais pas chef de l’Etat en 2024. Mais, ce qui comptait, c’était qu’un président français puisse ouvrir ces Jeux. On travaille toujours pour son successeur, même s’il ne le sait pas toujours.
« Ce qui sera réalisé va rester pour tous les habitants. » « On travaille pour son successeur. Même s’il ne le sait pas toujours. »