L’union montre ses forces
Une foule immense a manifesté dimanche, dans les rues de Barcelone, contre l’indépendance de la région. Les séparatistes, eux, semblent hésiter.
Une journée de gagnée. La séance parlementaire prévue ce lundi et au cours de laquelle Carles Puigdemont (lire ci-dessous) devait prononcer la déclaration d’indépendance unilatérale de la Catalogne a été interdite par le tribunal constitutionnel espagnol. Le rendez-vous est désormais censé se tenir mardi, avec un ordre du jour volontairement évasif, pour éviter une nouvelle suspension. « Madrid dispose ainsi d’un temps supplémentaire pour ouvrir un dialogue avec la Catalogne, estime Marti Anglada, délégué de la Generalitat en France. De notre côté, nous sommes toujours prêts à nous asseoir autour d’une table. » Mais à qui profitera réellement ce report? Ces derniers jours, la position des séparatistes catalans semble avoir perdu de sa vigueur. Dimanche, entre 350000 et 930000 personnes ont défilé à Barcelone pour manifester leur hostilité à l’indépendance de la Catalogne aux cris de « Vive la Catalogne ! Vive l’Espagne ! » « Cette participation montre qu’il y a tout de même une part importante de la population opposée à l’indépendance », note Manuelle Peloille, directrice de la revue Cahiers de civilisation espagnole.
La fuite des entreprises
A cette opposition s’ajoutent le faible soutien des grands dirigeants européens au mouvement indépendantiste et la décision de plusieurs entreprises (comme la Caixa, troisième banque d’Espagne) de transférer leur siège social en dehors de la Catalogne. Si l’avocat Ignasi Fortuny, membre de l’Assemblée nationale catalane, voit dans ses transferts une manipulation de Madrid, Manuelle Peloille insiste : « Ces déménagements montrent qu’une indépendance de la Catalogne ne rassure pas tout le monde. » Dans le Financial Times, l’ex-président de la Generalitat et indépendantiste Artur Mas a pour sa part estimé que « la Catalogne n’était pas prête pour une réelle indépendance ». Selon le quotidien barcelonais La Vanguardia, la position des séparatistes pencherait désormais vers une déclaration d’indépendance à l’effet reporté de plusieurs mois, afin de mieux préparer la sortie de l’Espagne. Une option inacceptable pour Mariano Rajoy.
Manuelle Peloille ne voit, elle, que trois sorties de crise possibles : « Soit rien ne change et le gouvernement espagnol sort gagnant de cette crise, soit la Catalogne devient indépendante, soit les deux parties révisent la Constitution en vue d’accorder un peu plus de pouvoirs à la région. » « Cela fait sept années que nous demandons à Madrid une plus grande autonomie. C’est trop tard désormais », tranche Ignasi Fortuny.