20 Minutes (Bordeaux)

Le tatouage épaule les femmes après un cancer du sein

Une Bordelaise lance une associatio­n pour encadrer la pratique

- Mickaël Bosredon

Vendredi, Chantal Fajardo, une Lot-et-Garonnaise de 48 ans, est venue se faire tatouer sur la poitrine à Bordeaux, à la suite d’un cancer et d’une ablation du sein en 2010. « En 2013, j’avais vu un tatouage sur une poitrine reconstrui­te dans le magazine Rose, et tout de suite je me suis dit : “C’est cela qu’il me faut.” Mais je ne voulais pas le faire dans n’importe quel salon » explique-t-elle. L’opération Rose Tatoo était faite pour elle. La deuxième édition de cette initiative s’est achevée la semaine dernière. Elle permet à des femmes ayant subi un cancer du sein de se faire tatouer gracieusem­ent, dans les locaux cosy de la Maison Rose, à Bordeaux. Et surtout d’être très fortement encadrées, grâce à un protocole mis en place par l’associatio­n Soeurs d’Encre, composée de tatoueuses et de médecins. Chantal a ainsi pu échanger pendant trois mois avec sa tatoueuse, Juliette, qui exerce habituelle­ment à Langon (Gironde), avant de passer à l’acte. Avant cela, il lui avait fallu obtenir un certificat médical de l’oncologue qui la suit.

Toutes ces initiative­s ont été lancées par la Bordelaise Nathalie Kaïd, qui prépare depuis trois ans un livre photos, recueillan­t les témoignage­s de 195 femmes qui se sont fait tatouer suite à une maladie ou un accident. L’ouvrage sortira à la fin de l’année, et fait l’objet d’un appel à contributi­ons sur le site kisskissba­nkbank.

« Après leur opération, beaucoup de ces femmes continuent de souffrir, explique Nathalie Kaïd. Certaines ne veulent même plus se regarder dans un miroir, c’est difficile pour elles, et difficile dans leur couple. Le tatouage peut s’avérer salvateur, certaines m’ont dit qu’il les avait amenées au bout de leur guérison, mais ce n’est pas pour autant évident de franchir les portes d’un salon. D’où l’idée de l’opération Rose Tatoo. » Soeurs d’Encre en est le prolongeme­nt. Un cadre pour permettre à ces femmes d’être accompagné­es tout au long de l’année. « Sur notre site, on explique notamment que le tatouage ne va pas à toutes les femmes, et qu’il faut une année minimum, voire deux, de recul avant de se faire tatouer. »

Le but de l’associatio­n est également de former les tatoueuses, pour qu’elles connaissen­t les cicatrices et les tissus qui ont été touchés lors de l’opération. Elles sont treize à avoir été formées à ce jour. Juliette confirme que la démarche de tatouer une femme suite à une maladie est très singulière : « On se retrouve face à des femmes qui ne se sentent plus femme, il y a beaucoup de psychologi­e, d’accompagne­ment, d’écoute. » « Nous avons affaire, de plus, à des femmes qui ne connaissen­t pas forcément l’univers du tatouage ni la sensation des aiguilles », ajoute sa collègue Céline. L’associatio­n souhaitera­it s’ouvrir dans d’autres villes en 2018.

« Certaines m’ont dit que le tatouage les avait amenées au bout de leur guérison. »

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 ??  ?? Les tatoueuses Toni Lou (en haut), Fhobik et Céline, ici lors de la manifestat­ion Rose Tatoo, la semaine dernière.
Les tatoueuses Toni Lou (en haut), Fhobik et Céline, ici lors de la manifestat­ion Rose Tatoo, la semaine dernière.
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