La recette Red Bull pour attirer les cracks français
Leipzig, opposé à l’OM ce jeudi en quart, chipe souvent les pépites du foot français
«Red Bull ? Ils ne respectent rien! Ils ne respectent pas les clubs. Ils ont négocié directement avec le joueur, sans jamais dialoguer avec nous. » Eric Hély est furax. Le formateur du FC Sochaux ne regardera pas Leipzig-OM, ce jeudi (21 h 05) en quart de Ligue Europa. Pourtant, son poulain Ibrahima Konaté (18 ans) devrait être titulaire en défense chez les Allemands : « C’est un gamin adorable, exemplaire. Mais après cette histoire, je ne peux plus le voir jouer ! » Cette « histoire », comme il dit, résume la politique de Red Bull sur le marché que constitue le vivier des clubs formateurs français. Du côté de la firme autrichienne, qui possède aussi le club de Salzbourg, une tendance se dégage : le culte du secret, une volonté de doubler les clubs formateurs, pour ne pas payer d’indemnités de transfert, et une grande générosité au moment de verser les primes à la signature.
« Ils n’ont que l’argent »
Dayot Upamecano (19 ans) est un autre exemple de cette politique. A l’été 2015, le jeune pensionnaire du centre de formation de Valenciennes était sur les tablettes des « scouts » du Red Bull Salzbourg. Les Autrichiens ont proposé plus de deux millions d’euros à VA et des sommes énormes au jeune homme, qui s’est même permis de snober le Bayern Munich, et à son clan. « De toute façon, les critères étaient uniquement financiers, explique l’agent Frédéric Dobraje. Et il y avait beaucoup trop de monde autour du joueur. » Un an et demi après, « Upa » passera de Salzbourg à Leipzig, moyennant de grosses primes et un salaire important. Le futur ex-Lyonnais Willem Geubbels rêve-t-il du même destin ? L’attaquant ne signera pas pro à l’OL, son club formateur. Pour mieux rebondir dans l’écurie Red Bull ? « Financièrement, ils font de très très belles propositions, souffle Kelly Youga, ancien joueur pro et oncle de Geubbels. Ils n’ont que ça, l’argent, pour attirer les jeunes… et les parents. » Qu’un taureau sous caféine puisse être agressif, ça n’étonne personne. Mais ce n’est pas la seule qualité de la firme, qui a monté un gros réseau de scouting. Exemple avec l’ex-Istréen Naby Keita, longtemps ignoré par les recruteurs français, parti à Salzbourg pour 1,5 million d’euros. Cet été, le Guinéen rejoindra Liverpool pour plus de 50 millions d’euros. « C’est le foot moderne, souffle Hély. Mais Red Bull doit se méfier, on tombe toujours sur plus gros. »