20 Minutes (Bordeaux)

Dans les coulisses du blocage de la fac de la Victoire

La fac de la Victoire est occupée depuis le 15 mars par des étudiants opposés à une sélection à l’entrée de l’université

- Elsa Provenzano

Depuis le 15 mars, des étudiants ont pris possession du site universita­ire de la Victoire pour faire entendre leur opposition à la loi ORE. Celle-ci prévoit un tri des dossiers des lycéens qui revient à « rejouer les injustices sociales », estime Léa, 23 ans, en sciences de l’éducation, qui participe au blocage. Elle s’insurge contre l’argument de la hausse démographi­que des étudiants, avançant qu’on peut facilement anticiper, si on le veut politiquem­ent, l’arrivée d’une classe d’âge sur les bancs de l’université. A Bordeaux, un noyau dur d’une cinquantai­ne d’étudiants occupe le site en permanence et plusieurs centaines se mobilisent lors des différente­s actions. Environ 3 500 étudiants en sciences humaines sont inscrits à la Victoire, selon la direction. Les jeunes mobilisés ne se revendique­nt d’aucun syndicat ni d’aucun parti. Installés autour d’une table dans le hall de cette université, quatre étudiants en histoire à Bordeaux Montaigne (Pessac) sortaient mardi d’une conférence sur les médias, organisée par un enseignant, dans l’un des amphithéât­res de la fac occupée. Le mouvement est soutenu par une partie de leurs professeur­s. Les quatre étudiants en histoire concilient leur cours à Pessac et la mobilisati­on à la Victoire. « On regarde les plannings et on vient ici pour qu’il y ait toujours du monde, explique Charline, 20 ans. On parle entre nous du mouvement, on joue parfois aux cartes et on a mis en place un free-shop ». « Il y a une vraie émulation », se réjouit Katia, 26 ans. Deux assemblées générales sont organisées chaque semaine. Pour ces jeunes, le blocage est une façon de se faire entendre, d’avoir une visibilité. Ils insistent sur l’absence de dégradatio­ns du site, le ménage effectué à tour de rôle en pointant le chariot de nettoyage et les tours de garde, pour ne pas laisser rentrer de visiteurs après 22 h.

Une partie des étudiants bordelais se déplacera à Montpellie­r pour la manifestat­ion prévue samedi. Ils ont déjà défilé avec les postiers, les cheminots et les salariés de Ford. « Le Premier ministre dit qu’il n’y a pas de convergenc­e des luttes, et il a tort », pointe Coralie, 19 ans.

«On regarde les plannings et on vient ici, pour qu’il y ait toujours du monde.» Charline, 20 ans

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Les étudiants estiment que le blocage est le seul moyen d’avoir une visibilité.

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