Quelle place pour les arbres en ville ?
Des abattages dans différents quartiers émeuvent certains riverains à Bordeaux
Place Gambetta, 17 marronniers sur les 44 plantés vont être coupés dans le cadre du projet de réaménagement de cet espace vert. A la Benauge, six platanes ont été abattus par le bailleur qui gère le parc de logements sociaux et pour les travaux du tram D, une soixantaine de chênes ont été mis à terre pour faire place nette. « La nature est considérée comme une variable d’ajustement des projets urbains, déplore Delphine Jamet, conseillère municipale EELV à Bordeaux. Alors que sa protection devrait être un principe absolu. » « Ce n’est jamais un plaisir [de couper des arbres], mais quand on le fait c’est qu’on est arrivé au bout d’un processus de décision, rétorque Magali Fronzes, adjointe à la ville verte. Il faut trouver le bon compromis entre le développement de la ville et son aménagement. »
Le collectif Les marronniers de la place Gambetta n’y trouve pas du tout son compte. « Certes, il y aura davantage d’arbres une fois le réaménagement terminé, mais ce seront des espèces plus petites permettant moins de captations de CO2 et offrant moins de zones d’ombrages », pointe Magali Bonniau, membre du collectif, qui a lancé une pétition contre cet abattage programmé, récoltant près de 5 000 signatures en ligne.
Au total, la place Gambetta réaménagée comptera 71 arbres, « des essences résistantes au changement climatique parce qu’on travaille pour
« Les espèces plus petites permettront moins de captations de CO2. » Le collectif de Gambetta
les cent prochaines années », précise l’adjointe à la ville verte. A la Benauge, les coupes de six arbres, dont trois appartenaient à Bordeaux Métropole, ont été réalisées pour le compte d’un opérateur privé. Les arbres n’étaient pas classés et ne pouvaient donc pas faire l’objet d’une protection.
La ville coupe environ 300 arbres par an et en plante 700 nouveaux. « C’est une gestion forestière qui passe par un renouvellement et une diversification, explique Magali Fronzes. Il y a quinze ans, on trouvait cinq essences seulement contre 160 espèces aujourd’hui. » Soulignant les 50 000 arbres recensés à Bordeaux, elle assure que « les abattages pour cause de projets d’aménagement se font vraiment à la marge ».