Des commerces s’ouvrent aux SDF
Un réseau de commerçants propose des services aux sans domicile fixe
« On offre des boissons et des tapas suspendues que nos clients ont achetées à prix coûtant (1 €), et on propose aussi des services comme le réchauffage de plats au micro-ondes, la possibilité de passer un coup de téléphone… [lire encadré] », explique Jérémy, serveur à El Sitio à Bordeaux et membre du réseau Le Carillon. Expérimenté depuis quelques mois dans la capitale girondine, ce dispositif se lance officiellement jeudi, à partir de 19 h 30, au bar Wanted café, rue des Douves.
En deux mois, le bar El Sitio a collecté une trentaine de bons auprès de ses clients pour des produits prépayés. Un tableau explicatif derrière la caisse leur permet de comprendre l’action du Carillon, un réseau de solidarité de proximité entre commerçants, habitants et personnes sans domicile fixe qui existe déjà à Paris, Lille, Nantes, Lyon, Marseille et Melun. « Nos clients sont assez réceptifs, mais on n’a eu que deux personnes sans abri qui ont poussé la porte de l’établissement, c’est encore assez timide, reprend Jérémy. Elles veulent toujours donner quelque chose et n’osent pas venir sans disposer d’un bon. »
« C’est la raison pour laquelle on informe les personnes à la rue du dispositif et on distribue les bons avec des bénévoles », précise Mathilde Beauvois, chargée de projet à Bordeaux au sein de l’association La Cloche, qui porte le dispositif Carillon. Il a été lancé après un travail de diagnostic, en lien avec le centre communal d’action sociale (CCAS), mais aussi différents partenaires sociaux (Samu
social, Secours catholique, Secours populaire, réseau Paul Bert, les Ptits gratteurs…), pour apporter une action complémentaire sur le territoire. Aujourd’hui, 25 commerçants de la capitale girondine ont accepté de proposer des produits prépayés dans leurs commerces et de petits services gratuits aux personnes qui vivent dans la rue, dans les quartiers Saint-Paul/Saint Eloi, Saint-Michel et Hôtel de ville de Bordeaux. « On veut casser les clichés sur le monde de la rue et, pour cela, c’est important que les personnes soient impliquées, souligne Mathilde Beauvois. Le dispositif vise à ce qu’elles puissent recréer du lien. » Le réseau espère grandir petit à petit, dans une ville où on estime que 3000 à 6000 personnes sont à la rue.
« On veut casser les clichés sur le monde de la rue. » Mathilde Beauvois, chargée de projet