20 Minutes (Bordeaux)

Et si la solution, c’était de ne pas faire d’enfants ?

Pour sauvegarde­r la planète, mieux vaut-il ne pas faire d’enfants ou changer radicaleme­nt notre façon de consommer ?

- Oihana Gabriel

« J’ai toujours eu envie d’avoir des enfants, explique Léa*, 37 ans. Mais, au vu de l’absence de progrès concernant la situation climatique, j’ai pris la décision de ne pas en faire.» Un choix personnel et politique, que certains trouvent extrême, d’autres altruiste. «Je ne suis pas militante, mais c’est ma façon de protester, à ma “micromesur­e”, poursuit Léa. Et, depuis que j’en parle, je rencontre beaucoup de femmes qui partagent cette préoccupat­ion. Tant qu’on ne change pas radicaleme­nt notre mode de vie, un enfant égale plus de pollution et plus de consommati­on [des kilos de couches, de nourriture, de lessive…].»

Le choix de Léa a aussi une autre explicatio­n : « Je ne me vois pas porter la responsabi­lité de mettre au monde un enfant qui risque de souffrir du manque d’eau, de voir la nature se déchaîner, les maladies proliférer, les migrations climatique­s augmenter. » Certes, sa réflexion « traduit, dans cette génération, une préoccupat­ion écologique beaucoup plus ancrée qu’avant », concède Anne Gotman, sociologue au CNRS et auteure de Pas d’enfant. La volonté de ne pas engendrer (La Maison des sciences de l’homme). Mais «il est rare que des considérat­ions aussi générales aient un effet important sur la fécondité», nuance Hervé Le Bras, démographe et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess).

La fécondité baisse, pas le PIB

Il n’empêche, la question démographi­que devient incontourn­able quand on parle de l’avenir de la planète. Selon l’ONU, nous devrions atteindre un total de 8,6 milliards d’êtres humains en 2030, 11,2 milliards en 2100. Et, il y a un mois, l’AFP réalisait une infographi­e à partir d’une étude suédoise où l’on voyait que la meilleure décision à prendre pour réduire son empreinte carbone restait de « faire un enfant de moins». Marie-Lise Chanin, chercheuse de l’Académie des Sciences qui a signé la tribune du Monde « Climat : Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue », confirme : « Chaque habitant consomme des ressources et émet une quantité de CO2. En ce moment, on consomme plus de ressources que la nature peut renouveler en un an à partir du 1er août. Alors, imaginez quand on sera 11 milliards!» Pourtant, contrebala­nce Hervé Le Bras, «dans beaucoup de pays qui se sont développés, la fécondité a été remplacée par la consommati­on. Au Brésil, on est passé de 6 enfants par femme en 1970 à 1,8 aujourd’hui. En même temps, le PIB a été multiplié par 4 ou 5.» Ainsi, «si l’on veut gagner la cause écolo, il vaut mieux faire des enfants écolos que pas d’enfant du tout. » Léa concède : «Quand on cesse de faire des enfants, la société meurt.» «La surpopulat­ion a toujours posé problème, mais ce n’est que maintenant qu’on peut le dire», conclut Anne Gotman.

* Le prénom a été changé.

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Selon l’ONU, nous serons 11,2 milliards d’êtres humains en 2100.
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