Les « gilets jaunes » veulent organiser le dialogue
Mouvement Une réunion de coordination animée a rassemblé plusieurs centaines de «gilets jaunes» à Moulis-en-Médoc, mardi soir
Des « gilets jaunes » de toute la Gironde ont afflué mardi soir en nombre dans la salle des fêtes de Moulis-enMédoc. «C’est à nous d’organiser le débat, pour que tout le monde soit consulté, a lancé Wilfrid Bessonnet, chargé de la communication au niveau de la Gironde. Un débat oui, mais à nos conditions». Pour eux, les dés de la concertation nationale sont pipés, et ils entendent s’organiser afin que les doléances concernant plus de justice fiscale et sociale partent bien d’en bas.
«Chacun a sa place»
Pour cette première réunion, qui inaugure des rassemblements hebdomadaires, les «gilets jaunes» de la salle échangent rapidement avec passion. Ceux mobilisés sur les ronds-points seulement, ceux qui «montent» à Bordeaux les samedis, ceux qui veulent se rendre utiles, mais ne peuvent pas se déplacer : tous ont donné leur vision pour le futur du mouvement. « Chacun a sa place », estime-t-on. La question de la violence a été abordée sans détours. Si aucun participant ne la défend, certains constatent aussi qu’elle a donné une visibilité au mouvement. «S’il n’y avait pas eu de violence, on n’aurait pas parlé de nous», estime avec dépit un jeune homme.
Un autre la présente comme un instrument de diversion et de décrédibilisation : «On est pacifiste, la violence vient de ce qu’on nous envoie [les forces de l’ordre], je suis désolé de le dire. C’est une étiquette qu’on veut nous donner, c’est l’arbre qui cache la forêt, parce qu’elles sont où nos revendications, pendant ce tempslà ? » Bruno prend, lui, la parole pour souligner l’importance de fédérer « au niveau du territoire », avant l’échelon régional pour rester au plus près des besoins. D’ailleurs, il est question à plusieurs reprises des châteaux installés dans le Médoc, qui appartiennent pour certains à de grandes entreprises du CAC40. «Ils ont industrialisé notre métier de vigneron, on respire des pesticides et ceux qui prennent leur retraite développent des cancers, s’insurge l’un d’eux. On pourrait se mobiliser devant les châteaux lors des campagnes de traitement?» Une proposition applaudie par la salle. La soirée a soudé les troupes, décidées à «agir d’un seul homme» et à grossir.