La ville sort de sa réserve au nom du mouvement
La capitale girondine est le théâtre d’une forte mobilisation des « gilets jaunes »
« Bientôt ce seront les Parisiens qui descendront manifester à Bordeaux avec nous », s’amuse un participant bordelais au défilé des « gilets jaunes » du samedi 5 janvier. La mobilisation, loin d’avoir faibli, s’était même amplifiée par rapport au week-end précédent. Réputée calme socialement, la capitale girondine n’en finit pas de rassembler des cortèges imposants. Comment expliquer qu’elle soit devenue, au fil du mouvement des « gilets jaunes », un centre névralgique de la mobilisation ?
Changement de sociologie
Pour Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux, les manifestants, qui viendraient principalement de l’extérieur de Bordeaux et même de l’extérieur de la Métropole, viennent « exprimer une impression de délaissement et d’abandon » dans la « mini-capitale » qu’est Bordeaux. Laurent Chalard, docteur en géographie
à la Sorbonne, estime que la « crise de croissance » de la ville girondins, un changement tardif et rapide d’échelle, contribuerait à expliquer que la crise sociale nationale prenne une coloration particulièrement forte à Bordeaux. De nombreux nouveaux arrivants ont débarqué dans l’eldorado bordelais bouleversant les profils sociologiques. L’installation de ces populations plus aisées a entraîné une montée des prix de l’immobilier et une montée en gamme des commerces. « Ceux qui ont connu le Bordeaux d’avant le boom constatent ces changements sans en bénéficier », pointe Laurent Chalard.