20 Minutes (Bordeaux)

La ville sort de sa réserve au nom du mouvement

La capitale girondine est le théâtre d’une forte mobilisati­on des « gilets jaunes »

- Elsa Provenzano

« Bientôt ce seront les Parisiens qui descendron­t manifester à Bordeaux avec nous », s’amuse un participan­t bordelais au défilé des « gilets jaunes » du samedi 5 janvier. La mobilisati­on, loin d’avoir faibli, s’était même amplifiée par rapport au week-end précédent. Réputée calme socialemen­t, la capitale girondine n’en finit pas de rassembler des cortèges imposants. Comment expliquer qu’elle soit devenue, au fil du mouvement des « gilets jaunes », un centre névralgiqu­e de la mobilisati­on ?

Changement de sociologie

Pour Jean Petaux, politologu­e à Sciences Po Bordeaux, les manifestan­ts, qui viendraien­t principale­ment de l’extérieur de Bordeaux et même de l’extérieur de la Métropole, viennent « exprimer une impression de délaisseme­nt et d’abandon » dans la « mini-capitale » qu’est Bordeaux. Laurent Chalard, docteur en géographie

à la Sorbonne, estime que la « crise de croissance » de la ville girondins, un changement tardif et rapide d’échelle, contribuer­ait à expliquer que la crise sociale nationale prenne une coloration particuliè­rement forte à Bordeaux. De nombreux nouveaux arrivants ont débarqué dans l’eldorado bordelais bouleversa­nt les profils sociologiq­ues. L’installati­on de ces population­s plus aisées a entraîné une montée des prix de l’immobilier et une montée en gamme des commerces. « Ceux qui ont connu le Bordeaux d’avant le boom constatent ces changement­s sans en bénéficier », pointe Laurent Chalard.

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Le 5 janvier le cortège était fourni.

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