« Sex Education », un cocktail hot
La pépite britannique, disponible depuis vendredi sur Netflix, renouvelle le genre de la comédie dramatique lycéenne
Sans mauvais jeu de mots, on a rarement été aussi excité par une série pour ados. La comédie dramatique lycéenne «Sex Education», disponible depuis vendredi sur Netflix, renouvelle subtilement le genre parce qu’elle est pleine d’à-propos sans être d’actualité, parce qu’elle parle librement de sexualité sans être lourde, parce qu’elle est tolérante sans être militante. Cette pépite britannique risque bien de rendre accros les ados, mais aussi leurs parents. Gillian Anderson y campe Jean Milburn, une sexologue très réputée et sans tabou, croqueuse d’hommes et mère célibataire intrusive. Ainsi, elle n’hésite pas à s’informer, au hasard du petit-déjeuner, des habitudes masturbatoires de sa progéniture. L’ex-héroïne de «X-Files» et « The Fall » est formidable dans les moments dramatiques et révèle ici sa force comique. Asa Butterfield, vu dans Hugo Cabret, joue Otis, son fils, un adolescent de 16 ans extrêmement intelligent mais refoulé à cause de cet environnement familial libéré. Surtout, puisqu’il vit avec Jean, ce puceau est un expert de la sexualité.
Des scènes explicites
Au lycée, cette compétence n’échappe pas à Maeve (Emma Mackey), qui le convainc d’ouvrir un cabinet de sexothérapie clandestin pour adolescents. Viagra, fellation, MST, avortement ou mutilations… Otis ne va pas tarder à distiller ses conseils à ses camarades. « Sex Education » repose sur une galerie de personnages à première vue artificiels : Maeve est la fille rebelle aux cheveux roses ; Eric (Ncuti Gatwa), le copain rigolo du héros, etc. Mais la créatrice Laurie Nunn s’amuse avec ces stéréotypes pour les sortir de leur moule.
Les scènes et les propos sur le sexe sont explicites. De ce point de vue, la série ne convient probablement pas aux adolescents les plus jeunes. Mais cette production réussit à aborder le thème de l’éducation sexuelle avec l’humour cru de « Big Mouth » et la subtilité de « Masters of Sex ». L’ambition d’explorer les relations entre jeunes, qu’elles soient hétérosexuelles ou homosexuelles, est rare et responsable. « Les rapports sexuels peuvent être merveilleux, explique Jean à un très jeune Otis dans un flash-back. Mais cela peut aussi causer une douleur énorme. Et si on ne fait pas attention, le sexe peut détruire des vies.» Chacun des huit épisodes aborde ainsi un cas. Comme Otis, la série est toujours empathique et non critique. Dans « Sex Education», le sexe n’est pas gratuit. C’est une manière d’explorer qui vous êtes ou ce à quoi vous aspirez. Les jeunes y trouveront du réconfort, et les plus vieux, des clés pour appréhender l’adolescence.