Une foule d’incertitudes
Retards, budget incertain, changement de pilotes... Les débuts de la consultation citoyenne lancée par Emmanuel Macron, mardi, sont difficiles.
Emmanuel Macron s’est rendu à Grand Bourgtheroulde, dans l’Eure, mardi, où il s’est exprimé, pendant de longues heures, devant pas moins de 600 maires. Ce déplacement du chef de l’Etat marque le lancement du grand débat national, souhaité par ce dernier, afin de tenter de sortir de la crise des «gilets jaunes». D’emblée, le président de la République a promis un débat «sans tabous».
Un grand débat national en mode diesel. Emmanuel Macron a donné, mardi, le coup d’envoi officiel de cette concertation citoyenne à Grand Bourgtheroulde, dans l’Eure. Les débuts s’annoncent pourtant poussifs car de nombreux détails pratiques restent flous. « Ça a pris du retard, car ce n’est pas facile à mettre en place : le débat va durer deux mois, avec plusieurs milliers de réunions partout en France, assume François Patriat, chef de file des sénateurs LREM et proche du président. Pour que tout se déroule dans de bonnes conditions, il n’est pas anormal que cela prenne quelques jours de plus. Il n’y a là ni raté, ni rétropédalage.»
«L’exécutif a changé la forme»
Le gou vernement avait d’abord confié la préparation des débats à la Commission nationale du débat public (CNDP). Mais après la polémique sur son salaire, la présidente, Chantal Jouanno, a décidé de renoncer. Pour piloter l’opération, l’exécutif a donc sorti de son chapeau le duo LecornuWargon. « Il a complètement changé la forme, observe la CNDP. On partait sur l’idée d’un débat fait par les citoyens, là on a l’impression que c’est un débat fait par l’exécutif. » Résultat : le travail préparatoire fait par la commission a été revu et corrigé. Sans retard pour autant, se défend le cabinet du Premier ministre. Pour autant, les Français devront patienter jusqu’à lundi avant d’apporter leurs contributions. Les maires, que l’exécutif souhaite associer pleinement au grand débat national, n’ont pas été beaucoup informés sur les modalités pratiques : mise à disposition de salles, animation, restitution des échanges… « Rien n’a été dit sur une éventuelle aide matérielle ou financière. Lorsqu’on organise des débats de ce type dans nos communes, on ne les lance pas avant que tout soit prêt », s’inquiète Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine). «Les élus peuvent télécharger le kit [méthodologique] sur Internet depuis mardi soir», répond Matignon. Mais auront-ils plus d’informations sur la remontée des revendications ? « Les coordinateurs pourront s’autodésigner dans chacune des salles. Après tout, on est pour la démocratie citoyenne », sourit François Patriat. La question du coût est tout aussi vague. L’enveloppe de quatre millions confiée en décembre à la CNDP sera dépassée, avance Matignon.
Laure Cometti et Thibaut Le Gal
« On ne lance pas ces débats avant que tout soit prêt. » Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux