Pas le temps de niaiser
Les joueurs du XV de France vont passer une redoutable épreuve en enchaînant deux matchs du Mondial en quatre jours
Un choc thermique, voilà ce qui attend le XV de France à partir de mercredi. Bien calés dans la fraîcheur du temps long après la victoire contre l’Argentine, il y a dix jours, les hommes de Jacques Brunel vont plonger dans un brûlant tunnel de rugby : mercredi, Etats-Unis; dimanche, Tonga. Cent soixante minutes de jeu en quatre jours. «On ne fait pas monter un boxeur sur un ring quatre jours après avoir combattu, s’offusque l’ancien international Imanol Harinordoquy. Un match de rugby, c’est la même chose.»
Le Basque grossit le trait, mais vous comprenez l’idée. Difficile, donc, d’en vouloir à Maxime Médard de ne pas transpirer la sérénité à l’aube de cet enchaînement : « Après les matchs, on est amochés, avec beaucoup de courbatures. C’est une question de prévention. C’est important de protéger les joueurs.» «Protéger les joueurs», on voit déjà la fédération internationale tomber des nues, en se vantant d’avoir serré la vis sur les plaquages et les mêlées pour préserver les rugbymen. A quoi bon, si c’est pour les envoyer au charbon tous les quatre matins?
Car la question n’est pas tant la violence de l’exercice que celui de la récupération. «Moi, honnêtement, je sors de certains matchs où, à mon poste, je ne suis pas exposé, détaille l’ouvreur Camille Lopez. Le problème, c’est que mes collègues non, parce que ça tape fort. » Le centre Gaël Fickou a, lui, une autre idée de la récupération : « Ça prend deux ou trois jours. Là, ça voudrait dire qu’au bout du troisième jour il faut aller se coucher et être prêts à rejouer au réveil. On va se préparer à ça.» Ça, pour se préparer, ils ont pu se préparer. Le désert rugbystique entre l’Ar- gentine et les Etats-Unis a permis au préparateur physique, Thibault Giroud, de mettre en place quatre séances à haute intensité, avant de repartir sur un travail « plus individualisé, plus souple ». Quant à ceux qui n’ont pas disputé la moindre minute face aux Pumas, ils avaient déjà eu un rab de prépa le weekend précédent. Finalement, c’est peutêtre l’impatience de certains, comme Bernard Le Roux, qui aidera les Bleus à survivre à l’ordalie : «Moi, j’ai envie de jouer!» On en reparlera après les Etats-Unis.