Monica Sabolo fait du fantastique un monde réel
L’autrice Monica Sabolo évoque le féminisme et l’écologie par le prisme du fantastique
«Même quand je veux écrire sur la liberté, la joie et l’amour, on y perçoit la menace, la mort, la destruction. C’est une seconde nature de mon écriture, il y a toujours une ombre planante.» Pourtant, Monica Sabolo, pour son nouveau roman, a choisi un titre positif. Mais cet Eden (Gallimard) cache un enfer, une forêt mystérieuse où des jeunes femmes disparaissent. Une bande d’ados va, sans le vouloir, mener l’enquête et partir à la découverte de phénomènes économiques et politiques désastreux et de phénomènes surnaturels.
Un air de «Stranger Things»
«J’aime la littérature de genre, témoigne Monica Sabolo. A l’origine, je voulais écrire un roman fantastique. Le fantastique est toujours un miroir du réel.» Le réel que l’autrice a voulu dévoiler dans son histoire, elle l’a découvert sur Internet. « En faisant des recherches pour ce roman, j’ai découvert les grandes forêts de l’Ouest canadien, de la Colombie-Britannique et surtout ces histoires de disparitions de jeunes filles, parfois assassinées. Il y a un silence autour de ces disparitions. J’ai ressenti une immense vibration qui se croisait avec mes obsessions d’écriture. »
Les disparitions de jeunes femmes autochtones au Canada commencent à être couvertes par les médias locaux. Il y a de forts soupçons de négligence de la police concernant les enquêtes. Monica Sabolo, qui cherchait au départ une inspiration pour un roman se situant dans une forêt d’Eden, a découvert cela avec stupéfaction. «Ces populations m’étaient très éloignées et je ne me sentais pas libre d’embrasser cette douleur-là. J’ai transposé cela à une forêt imaginaire. »
L’autre inspiration de l’écrivaine est cinématographique. «J’adore les films américains des années 1980 sur les adolescents, cette ambiance que l’on retrouve dans la série “Stranger Things”. Je voulais qu’il y ait cette douceur de l’amitié au sein de ma bande. »