Le cancer du sein se montre plus agressif avant 40 ans
Le cancer du sein qui touche les moins de 40 ans est rare, mais agressif
Une malchance incompréhensible quand on a 30 ans. «Beaucoup de patientes s’interrogent à l’annonce du diagnostic : “Pourquoi moi ?”», témoigne Jean-Yves Pierga, chef du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie. Cette année, à l’occasion d’Octobre rose, mois de sensibilisation au premier cancer féminin, l’Institut a choisi de mettre en lumière les cancers du sein chez les femmes jeunes, comprenez de moins de 40 ans. « C’est rare, 5 % des diagnostics environ, mais cela existe », explique Florence Coussy, gynéco-oncologue à l’Institut Curie. Surtout, ils présentent des spécificités, comme le fait d’être découverts à un stade avancé.
Le poids de la génétique
A cela, plusieurs raisons. D’une part, les soignants ne vont parfois pas privilégier ce diagnostic, et donc les examens nécessaires pour une patiente âgée de 25 ans. D’autre part, la grossesse, moment où les seins se transforment, peut faire passer à côté d’une grosseur inquiétante. Par ailleurs, le dépistage organisé concerne les femmes de 50 à 75 ans, si bien que les plus jeunes en sont exclues. Comment expliquer que les jeunes femmes développent la maladie ? En premier lieu, « on constate une surre- présentation des formes associées à la génétique : elle touche 5 % des femmes tous âges confondus, alors que cela monte à 10 ou 12% chez les jeunes», reprend Florence Coussy. Deuxième facteur de risque : ce qu’on appelle « l’imprégnation hormonale ». Les femmes ont aujourd’hui leurs règles plus tôt qu’avant, vivent moins de grossesses et tombent enceintes plus tard. «Ce qui allonge, au cours de la vie, l’exposition aux oestrogènes, augmentant les risques », précise JeanYves Pierga.
Les spécialistes insistent sur le fait que l’hygiène de vie peut également être pointée du doigt. Notamment la sédentarité et le surpoids. «L’activité physique réduit de 20% la survenue d’un cancer du sein », souligne Bruno Cutuli, oncologue-radiothérapeute et président de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM).
Florence Coussy évoque aussi le tabagisme. L’Institut national du cancer, lui, pointe « la consommation d’alcool, qui serait responsable de 15 % des cas de cancer du sein en France, selon un récent rapport du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) ». Pour Florence Coussy, «les facteurs environnementaux doivent aussi être étudiés, mais, pour le moment, nous ne disposons pas de données robustes sur ce sujet ». Quant aux perturbateurs endocriniens, la gynécologue-oncologue reconnaît que « la question de la pilule est encore controversée ».