Le comédien Joaquin Phoenix aimerait obtenir l’empathie des spectateurs pour son Joker
Joaquin Phoenix se surpasse dans « Joker », où il trouve son meilleur rôle
Mais pourquoi est-il si méchant ? Joker de Todd Phillips répond à cette question en revenant sur les origines de celui qui deviendra l’ennemi juré de Batman. Il offre à Joaquin Phoenix le plus beau rôle de sa carrière, celui d’Arthur Fleck, un comique minable sombrant dans la folie.
« Je ne considère pas que mon film est politique, confie à 20 Minutes Todd Phillips. Mais j’admets qu’il fait écho au monde dans lequel nous vivons, où les êtres faibles et différents sont ignorés et bafoués. » Arthur vit seul avec sa mère. Il a un emploi de clown souspayé et se bourre de médicaments. Pour se venger de ceux qui l’humilient au quotidien, son personnage se montre de plus en plus ingérable, jusqu’à se faire le porte-parole, terrifiant mais quand même attachant, des laissés-pour-compte de l’Amérique. « On ne cherche pas à excuser ses actes, insiste Joaquin Phoenix. Mais j’aimerais que le spectateur ressente de l’empathie pour lui. » Qu’il soit face à Robert De Niro en présentateur de télévision odieux, à Zazie Beetz en voisine craquante ou à Frances Conroy en maman agitée du bocal, l’acteur module ses effets pour livrer une incarnation du Joker profondément humaine. Il rend ainsi la complexité d’un homme poussé à bout au point de devenir un psychopathe à enfermer.
Fascinant et flippant
« Je n’ai pas l’impression d’en faire trop, précise Joaquin Phoenix. J’ai essayé de montrer à quel point la folie d’Arthur l’isole du monde et lui fait atteindre un point de non-retour. »
Quand le malade mental devient Joker dans un déferlement d’actes violents à déconseiller aux âmes sensibles, il ne s’en prend qu’à ceux qui lui ont nui. Ses scènes de danse, transes aussi fascinantes que flippantes, sont une création du comédien.
Ce portrait très sombre tient plus d’un cinéma d’auteur exigeant que d’un festival d’action à la Marvel. Le Lion d’or du meilleur film à Venise comme son démarrage triomphal aux Etats-Unis laissent augurer du meilleur pour sa carrière, avec sans doute un Oscar au bout du parcours pour Joaquin Phoenix. « La noirceur du Joker me hantait encore trois mois après le tournage », avoue ce dernier. Le spectateur gardera lui aussi longtemps en tête le sourire de ce clown qu’on n’aimerait pas croiser dans la rue.
« La noirceur du Joker me hantait encore trois mois après le tournage. » Joaquin Phoenix