20 Minutes (Bordeaux)

Les mesures sont insuffisan­tes, juge une associatio­n

Selon la militante Sandrine Bouchait, les mesures du Grenelle sont insuffisan­tes

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

Provoquer un «électrocho­c» pour endiguer le fléau des violences conjugales. Voilà ce qu’espère le chef du gouverneme­nt, Edouard Philippe, qui a clos lundi le Grenelle sur les violences conjugales. Création de centres régionaux de prise en charge des agresseurs, introducti­on de l’emprise dans le Code pénal, renforceme­nt du numéro 3919 et de la formation des policiers et gendarmes… sont parmi les mesures présentées. Mais pour Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des familles de féminicide (UNFF) et dont la soeur est décédée, brûlée vive par son compagnon, «le compte n’y est pas».

Les annonces faites à l’issue du Grenelle répondent-elles à vos attentes ?

Non, parce que, par exemple, certaines mesures annoncées existaient déjà. C’est le cas des bracelets antirappro­chement, et dont les conditions de mise en oeuvre sont scandaleus­es! Edouard Philippe a oublié de souligner que ce dispositif, qui pourrait constituer un outil efficace de protection, ne peut être déployé que si l’homme violent accepte de le porter.

Et quant à l’ouverture dans chaque région de deux centres de prise en charge des hommes violents ?

Imaginez donc, deux centres pour l’Ile-de-France, qui compte huit départemen­ts et plus de 12 millions d’habitants! Dire que c’est largement insuffisan­t est trop faible. De plus, ces centres verront le jour «d’ici la fin du quinquenna­t ». Cela me met en colère : combien de femmes vont mourir d’ici là?

Vous déplorez que la question de la prise en charge des proches des victimes ait été absente des débats. Qu’aurait-il fallu mettre en oeuvre ?

Nous, les proches des victimes de féminicide, nous avons le sentiment que, pour le gouverneme­nt, nous n’existons pas. Notre traumatism­e est nié. En cas d’attentat, des cellules psychologi­ques sont créées pour apporter un soutien et un accompagne­ment dès les premiers instants. Pourquoi cette prise en charge n’existe-t-elle pas pour les proches de victimes de féminicide ? Ma nièce a vu sa mère brûler vive. Elle a assisté à une scène de guerre traumatisa­nte. Pourtant, aucun dispositif spécifique n’existait pour elle. J’ai dû solliciter moi-même les centres médico-psychologi­ques pour qu’elle bénéficie d’une prise en charge psychologi­que. Et obtenir une place dans l’une de ces structures, qui étaient toutes complètes, a été très difficile. Or, à ce jour, il existe en Seine-Saint-Denis un «protocole féminicide» pour les enfants des victimes, qui prévoit une prise en charge complète et un suivi psychologi­que au long cours. Pourquoi ce dispositif n’at-il pas été étendu à tout le territoire?

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Le collectif présidé par Sandrine Bouchait a marché samedi à Paris.

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