L’aviation a des rêves de légèreté
Le secteur aéronautique cherche à économiser du carburant et ainsi à moins polluer
S’appuyer sur l’intelligence artificielle et l’impression 3D pour concevoir des avions moins lourds. C’est-àdire moins gourmands en kérosène… et, par extension, moins émetteurs de gaz à effet de serre. Sur le papier, l’idée est séduisante. Airbus et la société d’édition de logiciels Autodesk tentent de la rendre concrète.
« Au lieu de dessiner ce qu’il a en tête, le designeur commence par indiquer à un logiciel une série de contraintes de conception qu’il veut voir appliquer à l’objet », détaille un porte-parole d’Autodesk. Celle d’utiliser le moins de matériaux possible par exemple, ou de s’inspirer de la nature… « C’est la fabrication à la carte », résume Francisco Chinesta, enseignant-chercheur en ingénierie des matériaux aux Arts et métiers, et directeur scientifique d’ESI Group-Arts et métiers.
Ces nouvelles techniques de conception n’intéressent pas qu’Airbus et Autodesk. « Tous les éditeurs de logiciels et les constructeurs d’avions, comme d’ailleurs de voitures, sont sur le coup », indique Francisco Chinesta. Il invite toutefois à ne pas trop s’emballer sur les impacts attendus. « Certaines de ces pièces, notamment celles qui participent à la sécurité en vol des appareils, font l’objet de certifications drastiques, rappelle-t-il. Obtenir le feu vert peut prendre plusieurs années. »
Reste à savoir si tous ces efforts permettent d’ores et déjà de réduire l’impact carbone du secteur aérien. « A poids équivalent, les avions actuels et sans doute plus encore ceux à venir permettent de transporter plus de passagers que les générations précédentes », note en tout cas Francisco Chinesta. L’empreinte carbone par passager et par kilomètre parcouru est ainsi améliorée. Laurent Castaignède, fondateur du bureau d’études BCO2 et auteur d’Airvore ou la Face obscure des transports (éd. Ecosociété), invite toutefois à ne pas être dupe. « Les chiffres prometteurs alignés dans les communiqués laissent entendre que le secteur aérien réduit effectivement ses émissions. Or, tous les progrès de l’aviation sur la consommation de carburant sont noyés dans la hausse exponentielle du trafic. De l’ordre de 5 % par an depuis cinquante ans. »