La fin des salaires plafonnés au coeur de la mêlée
Attaqué devant le Conseil d’Etat par Montpellier, le principe du plafonnement salarial reste discuté
C’est une décision attendue, même si l’issue ne fait guère de doute. Le Conseil d’Etat doit se prononcer, a priori en début de semaine, sur la question prioritaire de constitutionnalité soumise fin novembre par le club de Montpellier. L’objet de cette QPC? Déboulonner le principe de plafonnement salarial institué par la Ligue nationale de rugby (LNR) en 2010. Selon le MHR, il entrave «la liberté d’entreprendre, la liberté contractuelle, et la liberté d’association». Des reproches qui n’ont pas ému le rapporteur public, lequel a demandé aux juges de ne pas transmettre la plainte au Conseil constitutionnel.
Alors, le salary cap, fixé à 11,3 millions d’euros depuis deux ans, remplit-il correctement son office en Top 14? «Il a démontré son efficacité dans la régulation du Top 14, rétorque Emmanuel Eschalier, directeur général de la LNR. Il permet d’avoir un championnat équilibré, où l’incertitude sportive est maximale.» D’abord réticents, la plupart des présidents de club, alarmés par l’inflation salariale, ont fini par s’y retrouver. «C’est un outil nécessaire contre les abus de certains, qui ont dérégulé à tout va», raconte Jean-René Bouscatel, ex-président du Stade Toulousain. Bouscatel fait notamment référence aux pratiques reprochées au Toulon de la grande époque, bien que la LNR n’ait jamais trouvé à y redire. Droits à l’image d’un joueur externalisés chez un partenaire du club, joueurs payés via des paradis fiscaux… « Aujourd’hui, les contrôles sont de plus en plus difficiles, ce ne sont plus des mallettes remplies de billets», croit savoir Bouscatel. C’est une partie de l’argumentation du MHR : la réglementation du salary cap serait trop contraignante pour les clubs, et les contrôles laisseraient une place trop importante « à l’arbitraire ». Perfectionné sur le papier, le système de contrôles ne peut toutefois que donner une estimation de la masse salariale. « C’est la différence avec l’Angleterre, où la transparence est bien plus ancrée dans la culture, souffle un acteur du dossier. Là-bas, on sait exactement qui gagne quoi.»
Cela n’empêche pas les clubs anglais de réussir des coups fumants, comme le recrutement de Semi Radradra (UBB), qui s’est vu proposer deux fois son salaire par Bristol. S’il est nettement inférieur à celui du Top 14 (8,15 millions), le salary cap de Premiership permet d’y ajouter les revenus de deux top joueurs hors grille officielle.
En France, en cinq ans, le salary cap est passé de 7,5 à 11,3 millions d’euros, avec un bonus de 200000 € pour chaque joueur du XV de France. Ce qui permet à certains clubs d’afficher une masse salariale proche des 13 millions d’euros. De quoi s’offrir un extra de temps en temps. Au hasard, Handre Pollard, champion du monde avec les Boks, dernière recrue du MHR.