Isabelle Huppert ne passe pas incognito en dealeuse
L’actrice Isabelle Huppert se glisse dans le rôle décalé d’une interprète judiciaire qui se transforme en trafiquante de drogue
Isabelle Huppert fait bien rire dans La Daronne, de Jean-Paul Salomé. Car il y avait longtemps que l’actrice n’avait pas autant laissé libre cours à sa fantaisie. Elle incarne une traductrice judiciaire franco-arabe qui s’improvise dealeuse de drogue, et qui arrondit largement ses fins de mois sans que son amant policier (Hippolyte Girardot) soit au courant.
«Un portrait de femme»
Le récit s’appuie sur le roman de Hannelore Cayre, qui s’est inspirée de son expérience d’avocate pénaliste pour écrire cette histoire farfelue. « Je l’ai envisagé comme un portrait de femme, explique Jean-Paul Salomé à 20 Minutes. Il s’agit aussi d’un film sur la solidarité féminine, qui est à la fois amusant et assez proche de la vérité du terrain.» Car c’est avec le soutien de l’infirmière arabe de sa mère et de sa propriétaire chinoise que la Daronne organise son trafic lucratif dans cette comédie multiculturelle.
« Je trouvais décalé d’envoyer Isabelle Huppert dans un monde qui n’est pas du tout le sien et dans lequel on l’imagine mal a priori », raconte Jean-Paul Salomé. La comédienne s’est initiée à l’arabe, afin d’être crédible quand la Daronne négocie avec les dealeurs marocains à qui elle vend sa marchandise. «Cela ne veut pas dire que tous les Marocains sont des dealeurs, mais cela correspond à une réalité », insiste le réalisateur. Il a rencontré des policiers et des interprètes judiciaires pour rester crédible dans la description de ce milieu.
Pour composer le look de la Daronne, Jean-Paul Salomé et Isabelle Huppert ont pris soin de ne pas tomber dans la caricature. « Il y avait deux versions de son look, celui de la riche et celui de la pauvre, dit-il. Pour le premier, on a regardé sur les sites et les catalogues comment s’habillent les Arabes fortunées qu’on croise dans les palaces. Pour le second, on s’est basés sur les tenues de femmes de condition plus modeste. » Isabelle Huppert a fait sensation dans les rues de Barbès, notamment lors d’une scène où elle éparpille des billets de banque dans la rue. « Certains passants y ont vraiment cru et ont voulu récupérer les billets, qui étaient bien évidemment faux », s’amuse le cinéaste.