20 Minutes (Bordeaux)

L’ancien château de Michel Fourniret passé au crible

Les abords d’une ancienne demeure du couple Fourniret vont être fouillés ce lundi

- Vincent Vantighem

Une imposante façade de trois étages. Deux tourelles pointues aux extrémités. Autour, une forêt de 15 ha. Des opérations de fouilles doivent être menées, à partir de ce lundi, aux abords du château du Sautou, à Donchery (Ardennes), afin de retrouver le corps d’Estelle Mouzin, disparue en janvier 2003. Elles ont été ordonnées par la juge Sabine Khéris, qui est parvenue à obtenir les aveux du tueur en série Michel Fourniret dans la disparitio­n de la fillette.

«Des endroits très précis»

«Le Sautou est une piste que la juge suit depuis longtemps, indique une source proche de l’enquête. Elle sait ce qu’elle fait. » Ce lundi, ce sera la troisième fois en moins de sept mois qu’elle envoie les enquêteurs sonder le sol du secteur. La première campagne, en juin, n’avait rien donné. Mais, au mois d’octobre, «l’Ogre des Ardennes» a livré quelques indices. « Il était toujours avec une carte, poursuit notre source. Et il a pointé des endroits très précis. »

Sale, les cheveux hirsutes et une chaussure droite à chaque pied, Michel Fourniret est peut-être parvenu, à ce moment-là, à surmonter son état de délabremen­t actuel en revoyant ces lieux si particulie­rs à ses yeux. Pour le comprendre, il faut remonter à 1989. A l’époque, à peine sorti d’un premier séjour en prison, il s’empare du magot du gang des postiches en tuant Farida Hammiche, la compagne d’un truand, et s’offre le château. «C’est là que le petit Fourniret, le forestier, est devenu le châtelain », commente Jean-Luc Ployé, le psychologu­e qui a expertisé Fourniret à trois reprises. Avec Monique Olivier et leur fils Selim, «l’Ogre» restera deux ans au Sautou. Suffisant pour tuer deux jeunes filles et les enterrer sur place. «Il a fallu creuser jusqu’à 3 m de profondeur pour les sortir, rappelle Corinne Herrmann, l’avocate d’Eric Mouzin, le père d’Estelle. Il les avait enterrées avec une pelleteuse.» Lors de ces opérations d’excavation­s, en 2004, Michel Fourniret a laissé les enquêteurs fouiller pendant plusieurs heures avant de leur dire de reculer de 1,5 m pour qu’ils parviennen­t à trouver les cadavres.

Bien malin qui peut dire si les indication­s que Fourniret a livrées sont bonnes.

Aujourd’hui, Michel Fourniret, 78 ans, n’est plus le même. Le 20 novembre, il a été hospitalis­é après un malaise survenu dans sa cellule de la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Et bien malin qui peut dire si les indication­s qu’il a livrées à la juge sont les bonnes. C’est sans doute pour cette raison que Sabine Khéris a convoqué Monique Olivier vendredi. Et, surtout, pour tenter de savoir si elle pense qu’il aurait pu retourner dans le parc de ce château plus de dix ans après avoir quitté les lieux, pour y enterrer Estelle Mouzin. Cela peut paraître étrange… Mais ne dit-on pas qu’un meurtrier revient toujours sur les lieux de ses crimes?

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Deux victimes du tueur ont été excavées au château du Sautou, en 2004.

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