20 Minutes (Bordeaux)

«On parlait de nous en bien»

- Delphine Bancaud * Le prénom a été changé.

« Ça ne servait à rien de nous applaudir pendant le premier confinemen­t si c’était pour nous oublier ensuite », tempête Antoine*, éboueur à Paris. Pourtant, au début de la crise sanitaire, son métier, habituelle­ment décrié, était regardé autrement. « On parlait de nous en bien pour une fois, ça changeait », commente Antoine. Une reconnaiss­ance qui s’était traduite par une prime de 35 € net par jour attribuée aux éboueurs ayant travaillé pendant la période du confinemen­t. « Mais je n’étais pas dupe, je me doutais que cela ne durerait pas », tempère-t-il. Dès la levée du premier confinemen­t, certains Parisiens ont recommencé à jeter leurs déchets sur le trottoir, sans un regard pour l’homme en tenue verte : « Le 11 mai [date du premier déconfinem­ent], en trois heures, j’avais déjà ramassé 30 masques. Les gens n’en ont plus rien à faire de nous.»

Au deuxième confinemen­t, Antoine est encore descendu d’un étage : «Cette fois-ci, nous n’avons pas droit à une prime, s’offusque-t-il. Mais le coronaviru­s n’est pas devenu moins dangereux pour autant. » Et ses conditions de travail n’ont pas changé : «On a toujours plus de boulot et on est moins nombreux pour le faire.»

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Le quotidien des éboueurs a été bouleversé par la crise sanitaire.

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