Jean-Luc Gleyze détaille sa solution sociale
Le président du département de la Gironde, Jean-Luc Glyze, nous explique les détails de son projet de revenu de base
Il y a deux ans, la proposition de plusieurs départements d’expérimenter un revenu de base avait été balayée par l’Assemblée nationale. L’idée a fait son chemin, puisque les députés viennent de voter une résolution qui, face à la crise du Covid-19, estime nécessaire « un filet de sécurité inconditionnel et universel pour tous». Vingt-quatre départements socialistes ont d’ailleurs demandé, le 5 décembre, dans une lettre ouverte aux parlementaires, une « généralisation dès aujourd’hui » du revenu de base.
Il y a déjà eu en Gironde un débat citoyen sur le sujet. Souhaitez-vous aller plus loin à présent ?
En 2017, nous avions en effet lancé une plateforme numérique qui a recueilli 15 000 contributions. Nous pouvons remettre ces conclusions à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, le temps n’est plus au débat, mais à l’application. Il y a deux ans, on voulait une expérimentation, mais, aujourd’hui, l’urgence sociale justifie d’emblée la mise en place d’un revenu de base.
Quelle forme prendrait le revenu de base en Gironde, si un feu vert national était donné ?
Nous proposons une fusion entre le revenu de solidarité active (RSA) et la prime d’activité, qui n’inclut pas l’aide personnalisée au logement (APL) ou les allocations liées au handicap et au grand âge. C’est aussi un revenu qui devrait pallier le non-accès aux droits (30 % des personnes éligibles au RSA n’en bénéficient pas) et inclure les jeunes de 18 à 25 ans. On défend une automaticité du versement dès que les conditions sont remplies. Avec l’impôt à la source, on est capable de réaliser ces versements tous les mois. Par exemple, l’idée, c’est très concrètement d’aider une retraitée qui gagne 650 à 700 € à obtenir 1000 € [le seuil de pauvreté]. Nous ne verserions pas le revenu de base à tous les citoyens, mais seulement jusqu’à un certain niveau de revenus. Cela permet d’envisager un modèle de financement crédible au niveau national. Si on opte pour un modèle universel, il faudait une réforme fiscale, c’est-à-dire qu’il faudrait envisager plus de redistribution fiscale des plus riches vers les plus pauvres. Seuls des départements socialistes ont signé la lettre ouverte du 5 décembre. Est-ce un combat de partis politiques ?
Ce n’est plus un combat de gauche, mais un combat de société, porté par plusieurs franges de la population, quelles que soient leurs obédiences politiques. La crise du Covid-19 ouvre les yeux de nos concitoyens. Au-delà, il y a un vrai débat de société à avoir sur la protection sociale et sur le travail confronté à l’utilité sociale.
« Il y a un débat de société à avoir sur la protection sociale. »