20 Minutes (Bordeaux)

Pourquoi l’école facultativ­e fait grincer des dents

L’absence des élèves sera tolérée jeudi et vendredi

- Delphine Bancaud

Voilà une nouvelle qui réjouit les enfants, moins les parents et les enseignant­s. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé, mardi sur Europe 1, que les parents pourraient ne pas envoyer leurs enfants à l’école jeudi et vendredi, pour éviter les contaminat­ions au Covid-19 lors des retrouvail­les en famille pour les fêtes de fin d’année. Cette mesure concerne aussi bien les écoliers que les collégiens et les lycéens. Une décision qui fait écho à une note du Conseil scientifiq­ue lundi, qui recommande à ceux qui souhaitent passer des fêtes en famille de s’autoconfin­er pendant une semaine.

Du côté des enseignant­s, cette annonce a pour le moins irrité. « C’est une manière pour le gouverneme­nt d’acter qu’il y a un risque fort de contaminat­ion dans les établissem­ents scolaires, tempête Guislaine David, cosecrétai­re générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Alors que, en septembre, Jean-Michel Blanquer [le ministre de l’Education] répétait qu’un enfant était plus en sécurité à l’école que chez lui. Or nous savons qu’il y a des clusters dans les établissem­ents scolaires, et nous réclamons un protocole sanitaire plus strict depuis des mois, sans être entendus. »

Le fait de laisser le choix aux parents de mettre leurs enfants à l’école ou pas fait aussi tiquer. « Le signal envoyé n’est pas bon, déclare Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. On fait encore appel à la responsabi­lité individuel­le des familles pour scolariser leurs enfants ces deux jours-là. Et on se sert de l’école comme variable d’ajustement au dernier moment. Mais elle n’est pas une garderie.» La suppressio­n de deux jours de classe, même avant les vacances, n’a rien d’anodin selon les enseignant­s. D’autant que les élèves ont accumulé du retard lors de la dernière année scolaire à cause du confinemen­t et de la reprise de la classe en pointillé. « Dans beaucoup de lycées, où les cours ont lieu en demi-groupes, chaque jour de classe est rentabilis­é pour avancer le plus possible dans les programmes », note Stéphane Crochet. Visiblemen­t conscient des réactions relatives à l’annonce de Jean Castex, Jean-Michel Blanquer s’est fendu d’un tweet mardi précisant que «tous les élèves seront scolarisés jusqu’au 18 décembre» et que les absences de ceux qui voudraient s’autoconfin­er seront «tolérées». Une manière de sousentend­re le caractère exceptionn­el de la mesure.

«On se sert de l’école comme variable d’ajustement au dernier moment.» Stéphane Crochet, SE-Unsa

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La mesure concerne aussi bien les écoliers que les collégiens et lycéens.

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