«Obtenir des papiers et un toit, c’est un soulagement»
Pour la Journée des migrants, « 20 Minutes » s’est rendu dans un centre d’hébergement
«Tu veux accrocher le coeur?» Jeudi matin, Stéphanie et sa fille de 2 ans décorent le sapin de Noël du centre provisoire d’hébergement (CPH) pour réfugiés du Groupe SOS, à ParayVieille-Poste (Essonne), où 20 Minutes s’est rendu à l’occasion de la Journée internationale des migrants, ce vendredi. Plus de 100 réfugiés y sont hébergés pendant, en moyenne, quinze à dixsept mois dans des chambres de trois personnes. Compliqué pour se confiner. « Certains faisaient une attestation par heure, d’autres ne sortaient pas et avaient l’impression d’être mis en danger par leurs camarades, explique
Sami Souid, directeur du CPH. Il a fallu accompagner les inquiétudes et tensions. » Mais l’équipe s’est organisée pour proposer dépistage, masques et chambre d’isolement en cas de suspicion de Covid-19. Bilan : deux malades.
«Une guerre différente»
Cette période a toutefois réveillé des angoisses. « Il a fallu leur expliquer avec des mots simples en quoi c’était une guerre différente de celle qu’ils ont pu connaître, qu’un couvre-feu n’est pas forcément militaire », synthétise Sami Souid. En moyenne, ces personnes mettent cinq ans pour arriver en France. Un parcours souvent ponctué de violences et de deuils. A cela, il faut ajouter deux ans et demi entre le moment où elles posent le pied en France et celui où elles posent leurs affaires dans un centre. « Obtenir des papiers et un toit, c’est un immense soulagement », résume Julie Boutet, cheffe de service du CPH. « Mais une fois l’insécurité disparue, il n’est pas rare qu’elles décompensent, physiquement et psychiquement », complète Sami Souid.
Alors, les salariés du centre se montrent particulièrement vigilants sur la santé psychique des résidents. Depuis juin 2019, une psychologue vient une demi-journée par semaine. Début novembre, en organisant un groupe de travail, résidents et salariés du centre ont parlé du confinement. En janvier, des équipes mobiles de psys polyglottes se déplaceront dans les centres d’hébergement du groupe. Un besoin urgent, mais un accès pas évident. « Le mot “psychologue” n’est pas traduit dans toutes les langues, reprend Sami Souid. Les troubles psychiques sont parfois traités par la sorcellerie ou associés à la folie.» Sans parler de la barrière de la langue, car exprimer ses sentiments quand on ne maîtrise pas bien le français est un frein supplémentaire.