20 Minutes (Bordeaux)

En Dordogne, les Britanniqu­es en quête de titres de séjour

Les Britanniqu­es doivent se déclarer en France avant la fin de l’année. A la préfecture de Dordogne, ils affluent

- De notre envoyé spécial à Périgueux, Clément Carpentier

« Ce sont des gens qu’on ne voyait pas forcément avant.» Il faut dire que les Britanniqu­es avaient jusqu’à présent peu besoin des services de Caroline et sa collègue Christine à la préfecture de Dordogne. Mais ça, c’était avant le Brexit. Le 31 décembre à minuit, la période de transition fixée par l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne va prendre fin. L’espace Schengen n’existera plus pour les 148000 Britanniqu­es résidant en France. Après Paris, la Dordogne est le départemen­t français qui en accueille le plus, selon l’Insee : près de 7 100. C’est donc là que Caroline et Christine entrent en jeu avec leur « bureau du Brexit », ouvert le 19 octobre. Leur mission : régularise­r la situation de milliers de personnes en quelques mois. « On est encore sur un très bon rythme, reconnaît l’une des deux responsabl­es de ce bureau spécial installé à la cité administra­tive de Périgueux. Il y a pas mal d’inquiétude et de stress à cause de cette situation un peu exceptionn­elle pour eux. » A ce jour, la préfecture périgourdi­ne a reçu plus de 4 500 demandes pour des Britanniqu­es. Gerry et Janet attendent leur tour : «Ma femme est un peu tendue à cause du Brexit, mais je trouve qu’on est bien pris en charge et que le système est efficace.» Ce couple d’Anglais, qui gère depuis plus de quinze ans des chambres d’hôte à Villetoure­ix, dans le nord-est du départemen­t, fait partie des 80 dossiers traités par jour par le bureau. Cinq agents contractue­ls ont été recrutés pour l’occasion. « Ils doivent à tout prix avoir leurs papiers en règle, sinon leur pension peut être suspendue par les autorités britanniqu­es, explique Caroline. Ils ont surtout peur de ça. » Pour obtenir un titre de séjour, ils peuvent s’appuyer sur une associatio­n d’entraide pour les Britanniqu­es, le Franco-British Network de Périgueux. Ils obtiennent ensuite un rendez-vous physique en préfecture. «C’est là notre plus grosse difficulté, souligne Christine. Parmi cette population, 85 % des gens sont retraités. Souvent, ils habitent loin, à plus d’une heure de route. Certains ne peuvent parfois pas se déplacer, notamment dans les Ehpad.» Tout se fait alors par courrier avec photo et passeport, mais sans les empreintes sur le futur titre de séjour.

Les demandes devraient continuer à augmenter d’ici au Nouvel An. Les responsabl­es du bureau ont remarqué qu’il y avait des petits nouveaux, car «certains Britanniqu­es ont anticipé ces derniers mois leur déménageme­nt dans le coin avec le Brexit». Pour les rassurer, Christine et Caroline leur rappellent que, « s’ils ont jusqu’au 31 décembre pour se déclarer en France [travail, logement, etc.], ils ont jusqu’au mois de juin pour faire une demande de titre de séjour et obtenir un rendez-vous avec nous.» Après, il sera définitive­ment trop tard. Un Britanniqu­e aura alors le même statut qu’un Américain ou un Chinois. Il faudra passer par le consulat de France à Londres et obtenir dans un premier temps un visa d’installati­on de trois mois, avant de voir plus loin.

«Sans titre de séjour, leur pension peut être suspendue par les autorités.» Caroline, «bureau du Brexit»

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Une agente de la préfecture de Périgueux prend les empreintes d’un couple de Britanniqu­es.

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