Lacarrau veut mettre «la modernité des régions» à la une
Chaque vendredi, un témoin commente un phénomène de société
« C’est marrant, tout le monde me pose la question ! » s’amuse Marie-Sophie Lacarrau. On se doute bien que l’on ne fait pas dans l’originalité en lui demandant comment elle va, mais on veut savoir dans quel état d’esprit elle se trouve : le 4 janvier, la journaliste de 45 ans succédera à Jean-Pierre Pernaut pour présenter son premier « 13 Heures » de TF1.
Y a-t-il des moments où vous vous dites : « Dans quoi me suis-je embarquée ? » Peut-être que je vais ressentir ça le 18 [ce vendredi], quand Jean-Pierre Pernaut va vraiment arrêter. Mais ce qui me nourrit en ce moment, ce sont les rencontres avec l’équipe du « 13 Heures ». Que ce soit les journalistes ici à la rédaction parisienne ou les correspondants en région qui signent 80 % du journal. On a envie de réussir ensemble. Qu’est-ce qui vous a surprise lors de votre tournée dans les régions à la rencontre de vos futurs collègues ?
Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient aussi nombreux. J’ai mesuré l’amour qu’ils avaient pour leur métier, leur région et les gens qui y vivent. Cela a confirmé un ressenti que j’avais en regardant le journal. Je leur ai dit de ne rien changer. Ce journal, je ne vais pas le dynamiter à partir du 4 janvier. Vous allez quand même apporter votre patte, non ? Je viens avec ma personnalité, oui. Maintenant, cet amour des régions, du terroir, c’est ce que je suis au fond. Dans les seize ans de JT que j’ai derrière moi, j’ai toujours parlé des régions.
Je veux parler aux familles, aux mamans. Je veux parler de loisirs, de consommation… Je veux aussi mettre en avant la modernité dans nos régions. Quand on parle de traditions, on imagine tout de suite un ancien qui continue d’exercer un métier disparu. Mais, de plus en plus, quand on arrive sur le terrain pour raconter ces traditions, ce sont des jeunes qui viennent à ces métiers. Le « 13 Heures » de TF1 a la réputation d’être un journal à destination des retraités. Y a-t-il du vrai là-dedans ?
J’ai été surprise de découvrir que la moyenne d’âge du « 13 Heures » de TF1 est de 58 ans, là où celle du « 13 Heures » de France 2 (je ne veux pas comparer, mais en l’occurrence, là, ça s’impose) est de 62 ans. Le cliché est faux. Il faut ouvrir les yeux : on ne s’adresse pas qu’aux retraités. Vers quoi ou vers qui iront vos pensées le 4 janvier à 12 h 59 ? Pendant le générique, je penserai à tous ceux que j’aime. Je vais avoir une grande pensée pour mes parents. Ils m’ont portée jusque-là, ils m’ont fait confiance quand je leur ai dit que je voulais être journaliste. On n’avait aucun lien avec ce métier. Je n’ai pas fait d’école, je me suis formée sur le terrain. J’ai réussi à faire le métier dont je rêvais, c’est une chance énorme. Il y a, particulièrement ces dernières années, une forme de défiance envers les journalistes. Qu’est-ce que cela vous évoque ?
Cela nous oblige à davantage de rigueur, mais je crois qu’on en a tous déjà beaucoup. En parlant du « 13 Heures » de TF1, on est moins dans ce sentiment de défiance. Il y a ce lien de proximité qui existe depuis des années : le public se retrouve dans le journal. Redoutez-vous d’être la cible de critiques lorsque vous présenterez ce rendez-vous ? Des critiques, je sais qu’il va y en avoir. Beaucoup. Je demanderai peut-être à certaines personnes de m’en faire un condensé. Pas pour effacer les négatives. Mais je veux me protéger de ça. Dans les premières semaines, il va y avoir des comparaisons. J’ai juste envie de dire : laissez-moi le temps de m’installer. Votre féminité a-t-elle été parfois un frein dans votre carrière ?
Non. Je dirais même que, au départ, je m’en suis servie. Un jour, j’ai appris qu’une chaîne recherchait une journaliste pour une émission sur les 4×4. C’était le moment où il était de bon ton de mettre des femmes dans le sport, vous voyez… J’ai saisi cette opportunité. Donc, non, je n’ai jamais cherché à la gommer, ni à la mettre en avant. Je suis une femme, point final.
« Je veux mettre en avant la modernité dans nos régions.»
«C’est faux, on ne s’adresse pas qu’aux retraités. »