20 Minutes (Bordeaux)

Après le cap Horn, cap sur la victoire pour Bestaven ?

Le skippeur de Maître Coq IV, qui a passé le cap Horn en tête, a de plus en plus de chances de remporter la course

- William Pereira

L’année 2021 commence comme 2020 s’était terminée pour la flotte du Vendée Globe, menée par Yannick Bestaven pour le 19e jour de suite. Le skippeur sur Maître Coq IV était toujours suivi, dimanche soir, par l’homme qui avait survolé l’océan Indien avant de connaître des soucis sur son foil bâbord, Charlie Dalin (à 70 milles, env. 130 km). Derrière eux, un autre duo, composé de Damien Seguin et Thomas Ruyant, se trouve à bonne distance, environ 360 milles (env. 666 km), et pourrait même être rejoint par le gros peloton de poursuivan­ts du côté du cap Horn. Autrement dit, le break est fait pour les deux leadeurs, à l’aube de la remontée de l’Atlantique.

Qui plus est, Bestaven bénéficie d’une bonificati­on de dix heures et quinze minutes sur la ligne d’arrivée relative au sauvetage de Kevin Escoffier fin novembre. Il convient dès lors de se poser la question : le leadeur a-t-il course gagnée ? Évacuons tout de suite ce qui relève du hasard. Oui, Maître Coq IV peut croiser un ofni à tout moment sur sa route ou être victime d’avarie, d’autant plus que la flotte va rebasculer dans des zones où le trafic maritime est plus dense. A ce stade de la course, tous les bateaux sont fatigués, c’est une réalité.

Encore quelques difficulté­s

Mais il y a cette histoire de bonificati­on, qui donne une grosse longueur d’avance à Bestaven sur son dauphin dans l’optique d’une arrivée au sprint. Le météorolog­ue Jean-Yves Bernot n’oublie ainsi pas que son protégé, François Gabart, avait gagné le Vendée Globe avec seulement trois heures d’avance sur Armel Le Cléac’h, en 2013 : « Dix heures, c’est beaucoup. Il y a eu des Vendée où ça se jouait à moins que ça.» De là à imaginer Charlie Dalin prendre des risques inconsidér­és sur les 6000 milles (env. 11000 km) de courses à venir, il y a un fossé que Jean-Yves Bernot n’ose pas sauter.

Après avoir franchi le cap Horn, les deux hommes de tête s’apprêtent à dépasser les îles Falkand (les Malouines) et à longer la côte argentine, où ils rencontrer­ont leur premier adversaire redoutable à hauteur du rio de la Plata, entre Argentine et Uruguay, une zone où les dépression­s sont aussi nombreuses qu’imprévisib­les.

Deuxième point hasardeux, quelques milles au nord, une zone de transition au large du Cabo Frio, le coin du Brésil, à l’est de Rio de Janeiro. « Après ça, tu rencontres l’anticyclon­e de l’Atlantique Sud. C’est plus stable jusqu’à l’équateur, il y a des alizés de sud-est, tout va bien, poursuit Jean-Yves Bernot. Une fois l’équateur passé, le pot au noir est là, mais il n’a pas l’air très méchant. Ensuite, on retrouve l’alizé de nordest qui est aussi stable, jusqu’à la latitude des Canaries. Puis, on rentre à nouveau dans nos zones où c’est l’hiver, donc tu peux retrouver des coups de vent sérieux. Les pires raclées qu’ils prennent, c’est souvent dans le nord de l’Atlantique Nord.» Si Bestaven ne fait pas de grosse erreur et que Dalin ne sort pas un coup de génie, le premier aura course gagnée.

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Yannick Bestaven bénéficie aussi d’une bonificati­on de plus de dix heures.

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