20 Minutes (Bordeaux)

L’exécutif écarte l’hypothèse d’un retrait du Mali, malgré la mort de deux militaires français

Malgré la mort de cinq soldats en une semaine au Mali, l’exécutif exclut toute idée d’un retrait

- Vincent Vantighem

Elle était pacsée et mère d’un jeune garçon. La sergente Yvonne Huynh, 33 ans, est la première femme militaire française morte au combat depuis le début des opérations extérieure­s, en 1963. Samedi, vers 11 h, le véhicule blindé léger qu’elle conduisait a sauté sur un engin explosif improvisé, alors qu’elle effectuait une mission de renseignem­ents au nord de Ménaka (Mali). Le brigadier Loïc Risser, 24 ans, a éga- lement perdu la vie à cette occasion, portant à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis le début de l’interventi­on française en 2013.

A l’époque, il s’agissait de stopper la progressio­n de convois de djihadiste­s avant qu’ils ne s’emparent de Bamako, la capitale malienne. C’était l’opération Serval. Bamako a été sauvée et, sept ans après, les choses ont changé. Les militaires engagés sur place font désormais partie de la force Barkhane. Charge à eux de lutter contre les groupes terroriste­s dans «la zone des trois frontières», aux confins du

Mali, du Niger et du Burkina Faso. Dans ce désert, l’ennemi s’appuie sur une population locale exsangue à laquelle il fait miroiter un billet en échange d’un renseignem­ent. Téléphone portable, talkie-walkie, quand ce n’est pas un miroir renvoyant les rayons du soleil : tout est bon pour prévenir les djihadiste­s de l’arrivée d’un convoi militaire. Postés plus loin, ils n’ont plus qu’à enfouir leurs bombes sous le sable, en espérant que la roue du véhicule approchant se posera dessus. C’est ainsi qu’Yvonne Huynh et Loïc Risser sont morts. Tout comme trois de leurs frères d’armes tombés dans la région d’Hombori, cinq jours plus tôt. Mais pas de quoi remettre en cause l’engagement français. « La motivation, la pugnacité et l’abnégation des militaires français demeurent intactes face aux groupes qui sèment terreur et chaos », a précisé dans un communiqué Florence Parly, la ministre des Armées. Le retrait des forces françaises n’est pas à l’ordre du jour. «Il faut bien comprendre que nous nous battons au Sahel pour éviter que se développen­t des réseaux capables de perpétrer des attentats sur notre sol », explique David Habib, député (PS) et vice-président de la commission défense

«La pugnacité des militaires français demeure intacte.» Florence Parly, ministre des Armées

de l’Assemblée nationale. L’exécutif français n’entend pas ouvrir de négociatio­ns avec les groupes armés. Et il n’est pas gêné par l’opinion publique sur le sujet. « Les Français sont concentrés sur l’épidémie de coronaviru­s, analyse Jean-Marc Tanguy, auteur de Forces spéciales [éd. Gründ]. C’est triste, mais ils ne pensent à Barkhane que lorsqu’il y a des morts. » Ce lundi, à 16 h 30 sur le pont Alexandre-III, le passage du convoi funéraire emportant les corps des trois soldats tués le 28 décembre pourrait leur rappeler que 5100 militaires français sont engagés là-bas.

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 ??  ?? La sergente Yvonne Huynh (en haut), 33 ans, est morte samedi, au côté du brigadier Loïc Risser, 24 ans, au Mali.
La sergente Yvonne Huynh (en haut), 33 ans, est morte samedi, au côté du brigadier Loïc Risser, 24 ans, au Mali.

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