20 Minutes (Bordeaux)

Aux malheurs des restaurate­urs

Les représenta­nts du secteur ont eu la confirmati­on, mardi, qu’ils ne pourraient pas rouvrir le 20 janvier

- Romarik Le Dourneuf

Pas de bonne surprise pour les restaurate­urs. Reçus mardi par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprise­s, les représenta­nts du secteur ont eu la confirmati­on qu’ils ne pourraient pas rouvrir le 20 janvier. Désespérés, les restaurate­urs demandent plus au gouverneme­nt. «On savait qu’ils n’allaient pas nous laisser rouvrir. On voit les chiffres [de nouvelles contaminat­ions].» Dépité, Charles, patron du restaurant La Cime, à Paris (6e), ne cache pas son inquiétude. Il propose de la vente à emporter depuis le début de la crise, mais il songe à arrêter. Il se donne deux mois pour redresser la barre. A travers deux solutions : la réouvertur­e immédiate, improbable, ou davantage d’aides : «Le gouverneme­nt en parle tout le temps, mais, en réalité, elles ne couvrent qu’une petite partie de nos charges.» De son côté, Isabelle* prépare la vente à emporter du restaurant dans lequel elle est employée. Elle est la seule à ne pas être au chômage partiel et partage le constat de Charles : les restaurant­s ne rouvriront pas avant des mois : «Il va falloir que l’Etat prenne en charge tout notre manque à gagner, sinon on met la clé sous la porte avant mai.»

Laurent Villa,

L’inquiétude réside aussi dans le manque de visibilité sur les semaines et mois à venir. C’était d’ailleurs l’une des demandes de la délégation reçue mardi à Bercy : une date de réouvertur­e ferme. Cette informatio­n, Amin, du restaurant Aux Plumes, à Paris (14e), y tient : « On a besoin de savoir où on va. Et on veut être prévenus en amont, qu’on puisse s’organiser. »

Les restaurate­urs ont aussi demandé mardi un maintien des aides jusqu’à la fin de l’épidémie. Mais Laurent Villa, président du groupe Beefhouse, craint un effet domino pour les prêts garantis par l’Etat : « Comme c’est parti, personne ne pourra les rembourser. Les dettes vont s’accumuler et la notation bancaire des établissem­ents va chuter, si bien qu’ils ne pourront plus emprunter après cette crise. »

Au sortir de la réunion à Bercy, les membres de la délégation affichaien­t une satisfacti­on modérée. Selon certains d’entre eux, le gouverneme­nt, voulant éviter un troisième confinemen­t, a refusé de fixer une date pour la réouvertur­e. Bruno Le Maire a en revanche assuré que les aides seraient maintenues jusqu’à cette date, et que certaines seraient renforcées. Le prêt garanti par l’Etat devrait être étendu d’un an. Une nouvelle aide, d’un montant maximum de 25 % du chiffre d’affaires des établissem­ents et remboursab­le sur une dizaine d’années, devrait aussi être mise en place.

* Le prénom a été changé.

«Comme c’est parti, personne ne pourra rembourser les prêts garantis par l’Etat.» Beefhouse

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Alain Griset (au fond à g.) et Bruno Le Maire ont reçu les restaurate­urs, mardi.

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