Perdus à la cité U
Sans cours en présentiel, sans jobs, sans contacts... De nombreux étudiants habitant dans une résidence universitaire vivent très mal la crise sanitaire.
En France, le risque suicidaire est de 6 à 7 % parmi la population étudiante.
Caroline Combes, médecin et directrice du centre de santé universitaire de Lyon, explique les ressorts de ce mal-être.
La population étudiante est-elle plus touchée psychologiquement ?
Mes patients sont uniquement des étudiants. De fait, je dispose de peu d’éléments de comparaison. En revanche, je sais que les motifs de consultation actuells sont prioritairement des motifs de santé mentale liés à la perte de motivation. Je constate, depuis janvier, une augmentation des idées noires et du scénario suicidaire. Cela ne veut pas dire que les étudiants passeront à l’acte. Nous n’avons pas d’indicateurs en ce sens. Par contre, les indicateurs de mal-être sont au rouge.
Ce mal-être est-il uniquement lié à l’épidémie de Covid-19 ?
Les difficultés de santé mentale préexistaient à la crise sanitaire. Mais l’isolement, le confinement, la précarité, le fait que les familles ne soient pas toutes aidantes financièrement ou affectivement, sont des éléments qui peuvent déclencher du mal-être.
Le ministère de la Santé a-t-il pris conscience de cette situation ?
Je crois qu’il y a une prise de conscience.
Il y a eu une annonce du nombre de recrutements des psychologues et des assistants sociaux. C’est une bonne nouvelle. Cependant, je reste inquiète. Cette mesure permet d’éteindre le feu, mais elle ne coupe pas le gaz.
Plus globalement, pensez-vous que la santé mentale des étudiants est un sujet sous-estimé en France ?
Oui. En tout cas, cette pandémie a eu le bénéfice de mettre en lumière les problématiques de santé des étudiants. C’est un public à surveiller avec beaucoup de vigilance, parce que ce passage de vie du jeune adulte à l’adulte n’est pas simple.