La gestion de l’eau en régie, ça change (notamment) le prix
Services Le président de la métropole, Alain Anziani, revient sur les conséquences du passage de la gestion de l’eau en régie publique
Plusieurs élus ont évoqué un « jour historique ». Le 18 décembre, le conseil de Bordeaux Métropole à majorité de gauche et écologiste, votait le passage du service de l’eau en régie. Il sera effectif en 2023. Le président (PS) de la métropole, Alain Anziani, détaille les enjeux de cette reprise en main de la gestion des services de l’eau et de son assainissement.
Pourquoi avoir voulu récupérer la gestion de l’eau ?
Nous considérons que l’eau est un bien naturel, et qu’elle doit être sous administration publique. C’est un débat qui est ancien, puisque Alain Rousset (PS), quand il était président de la métropole, avait déjà renégocié le contrat avec la Lyonnaise pour qu’elle restitue 223 millions d’euros et investisse davantage dans le réseau. Ensuite Vincent
Feltesse s’était engagé vers une régie [avant qu’Alain Juppé n’interrompe le processus, lors de son élection à la présidence de la métropole, en 2014]. Nous reprenons donc le cheminement ouvert par Vincent Feltesse. Nous sommes allés vite depuis notre élection à la tête de la métropole en juillet.
On voit qu’il y a des oppositions politiques sur cette question, même si elles ne sont pas systématiques non plus. Regardez le cas de Nice, où Christian Estrosi a aussi opté pour une régie. Comment expliquez-vous le prix élevé de l’eau à Bordeaux et pouvezvous garantir qu’il baissera une fois que vous serez passé en régie ? L’eau est chère dans la métropole à cause de l’état général du réseau, qui engendre une grande perte d’eau [entre 15 à 20 % de l’eau s’échapperait du réseau]. C’est pourquoi, là où Suez investit entre 15 et 20 millions d’euros par an, nous souhaitons investir entre 45 et 50 millions. Cela nous laissera relativement peu de marge pour faire baisser le prix de l’eau. En revanche, nous souhaitons appliquer un prix différencié selon son usage. Le prix de l’eau ne doit pas être le même pour remplir sa carafe que pour remplir sa piscine. Je souhaite d’ailleurs aller vers la gratuité des premiers mètres cubes d’eau.
Combien de salariés va compter cette nouvelle régie ?
On ne sera pas loin des 400 salariés, puisque les 300 salariés de Suez vont être transférés avec leur propre statut de droit privé vers l’établissement public qui est en train d’être créé, auxquels il faudra ajouter les 50 à 70 personnes qui travaillent déjà dans ce domaine à la métropole. Il y a 280 000 abonnés quand même, ce qui représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 200 millions d’euros.
« Nous souhaitons appliquer un prix différencié selon son usage. »