20 Minutes (Bordeaux)

Le «Manta», méganettoy­eur

The Sea Cleaners veut collecter les déchets en mer avec un ambitieux projet de voilier

- Fabrice Pouliquen

Un centre de collecte des déchets, un centre de tri et une usine de recyclage. Le Manta remplira ces trois fonctions à la fois, avec la particular­ité de le faire sur l’eau. Car c’est d’abord un bateau. Un voilier géant qu’imagine Yvan Bourgnon. Mardi, le skippeur franco-suisse et The Sea Cleaners, l’associatio­n qu’il a fondée autour de ce projet, ont dévoilé la maquette de leur futur navire avec laquelle ils vont démarcher les chantiers navals. « La constructi­on devrait être lancée en 2022 pour une mise à l’eau en 2024», confie le navigateur.

Tapis roulants

De 56 m de long sur 26 m de large, le voilier avancera comme la raie manta à qui il emprunte son nom : la gueule grande ouverte. « Deux tapis roulants, sous le navire et s’enfonçant jusqu’à 1 m sous l’eau, capteront les déchets », explique Frédéric Silvert, directeur technique de The Sea Cleaners. Le Manta sera équipé de trois filets à l’arrière, dont deux sur les côtés du navire, qui lui permettron­t d’avoir une envergure de collecte de 46 m.

The Sea Cleaners projette ainsi de ramasser de 1 à 3 t de déchets par heure. Ils seront triés manuelleme­nt, rejetés en mer pour les matières organiques ou stockés avant d’être rapportés sur terre pour les déchets en métal, en verre ou en aluminium. Et les plastiques? «Plus on avance sur la connaissan­ce de ces déchets plastique marins, et plus on se rend compte qu’ils sont difficilem­ent recyclable­s, parce qu’abîmés par les courants ou par la salinité », explique Yvan Bourgnon. En outre, dans les pays en voie de développem­ent, au large desquels le Manta prévoit de travailler, les filières de recyclage n’existent pas toujours. Le voilier passera trois cents jours par an en mer, en enchaînant les missions de trois semaines. Yvan Bourgnon ne vise pas tant les gyres océaniques, ces zones de convergenc­e de courants marins dans les océans où les déchets plastique finissent bien souvent leurs courses. L’idée est d’intervenir en amont, « c’est-à-dire dans les grands fleuves, leurs estuaires, près des littoraux, aux abords des grandes villes côtières, liste le skippeur. Non seulement ces zones concentren­t beaucoup de déchets, mais ils dérivent depuis peu, si bien qu’on peut les collecter plus facilement. »

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Le skippeur Yvan Bourgnon espère mettre à l’eau le bateau en 2024.

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