Bientôt des doses sans brevet ?
Des voix s’élèvent pour réclamer la levée des brevets attachés aux vaccins, afin de protéger plus rapidement la population mondiale
« Tous les Français adultes qui le souhaitent pourront se faire vacciner d’ici à la fin de l’été. » C’est ce qu’Emmanuel Macron a promis lors de son intervention télévisée surprise, mardi soir. Encore faut-il disposer de doses pour tout le monde. Et si libérer les vaccins anti-Covid de leur brevet était alors la solution ?
Plusieurs dizaines de militants et d’élus communistes ont manifesté mercredi en ce sens. « Vaccins : bien commun pour l’humanité», pouvait-on lire sur les pancartes de la trentaine de militants rassemblés devant le siège de Pfizer, à Paris. «Le sujet est trop grave pour laisser les brevets aux mains d’intérêts privés », a expliqué Raphaël Debû, secrétaire départemental du parti. Nombre d’Etats ont investi des milliards d’euros pour financer la recherche – Etats-Unis et Union européenne en tête, mais l’annonce de vaccins efficaces a sonné l’heure du retour sur investissement pour être les premiers servis. Au jeu de l’offre et de la demande, et avec des vaccins PfizerBioNTech et Moderna commercialisés autour de 15 € la dose, les firmes pharmaceutiques sont les grandes gagnantes. Elles sont en position de force et n’ont aucun intérêt pécuniaire à lever leurs brevets et autoriser la production de vaccins génériques.
«Techniques de pointe»
Au-delà de l’aspect financier, la libération des brevets serait-elle la bonne réponse pour démultiplier la vaccination ? « Pas forcément à court terme, répond Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale de la santé et des maladies infectieuses à l’Ecole des hautes études en santé publique. Mais, à moyen terme, cela pourrait être une solution concrète pour favoriser l’accès des pays en développement à la vaccination. »
Et si les brevets des vaccins anti-Covid étaient levés, les usines pourraient-elles produire des centaines de millions de doses à travers le monde ? Rien n’est moins sûr. «Il faut un savoir-faire technologique, souligne Jocelyn Raude. On est ici sur des techniques de pointe, qui sont développées seulement depuis quelques années. Même si on retirait l’ensemble des brevets, il y aurait, outre le verrou juridique, un verrou technologique. »