20 Minutes (Bordeaux)

Cache-crash

Encore tabou, le burn-out parental, qui fera l’objet d’un documentai­re sur M6 dimanche, touche pourtant toutes les classes sociales.

- Delphine Bancaud

« Un jour, je n’ai pas réussi à me lever, mon corps s’est bloqué. Mon médecin m’a fait un arrêt de travail de plusieurs mois pour que je me repose », confesse Alba, qui vit à 100 à l’heure entre son boulot et ses quatre enfants. Pour la première fois, un documentai­re, qui sera diffusé dimanche sur M6 à 21 h 05, dans l’émission « Zone interdite», lève le voile sur une réalité dérangeant­e, le burn-out parental.

«Peur d’être jugés»

Le phénomène touche toutes les classes sociales. Il se manifeste à travers une intense fatigue physique et psychique, doublée d’un sentiment d’impuissanc­e. «Cela peut conduire, dans les cas les plus graves, à des dépression­s lourdes, explique Etty Buzyn, psychologu­e clinicienn­e. Il n’est pas rare non plus que cet épuisement parental conduise à des séparation­s.» «On sait aussi que le phénomène touche surtout les parents d’enfants de moins de 5 ans», précise Delphine Cinier, la réalisatri­ce du documentai­re.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’épuisement parental semble en expansion, selon Etty Buzyn : « Avec la massificat­ion du télétravai­l et la réduction des interactio­ns sociales, les parents se retrouvent beaucoup plus souvent en vase clos avec leurs enfants. Quand la relation était déjà difficile, elle peut l’être encore davantage.»

Or le sujet est encore tabou en France. «On ne dispose pas de chiffres à ce propos, souligne Delphine Cinier. Alors que, en Belgique, on sait que le burnout touche 8% des parents, selon les chiffres de l’étude de l’université catholique de Louvain. » Les parents concernés cachent eux-mêmes leur épuisement comme une maladie honteuse qu’on tait aux proches, «car ils ont peur d’être jugés, d’apparaître comme des parents qui ne supportent pas leurs enfants», estime Etty Buzyn.

Le fait que ce problème de société soit sous-évalué dans notre pays n’est pas sans conséquenc­e : il est moins pris en charge qu’ailleurs. Et les solutions proposées aux parents épuisés sont trop rares, souligne Etty Buzyn : « Certes, il existe des psys spécialisé­s sur la question, mais trop peu d’associatio­ns ou des maisons des parents proposent des groupes de parole. »

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«Le phénomène touche surtout les parents d’enfants de moins de 5 ans», explique la réalisatri­ce du documentai­re.

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