Crise gouvernementale en Italie
Le gouvernement italien de Giuseppe Conte est tombé, mardi. La routine, dans un pays qui a compté 66 gouvernements depuis l’instauration de la république, il y a bientôt soixante-quinze ans. Sauf que, au milieu d’une pandémie mondiale, qui a particulièrement touché l’Italie, l’affaire prend un tour particulier. Giuseppe Conte était le président du Conseil depuis le printemps 2018. Il menait un gouvernement inattendu avec le Mouvement 5 étoiles, jusqu’ici antisystème, et la Ligue du Nord de Matteo Salvini, principal parti d’extrême droite. C’est Matteo Renzi, président du Conseil de 2014 à 2016, qui a retiré son soutien à Conte, pourtant populaire. «Renzi n’a jamais digéré d’avoir eu à quitter le pouvoir», pense la spécialiste de l’Italie, Ludmila Acone, chercheuse à Paris1, interrogée par 20 Minutes. En 2016,
Matteo Renzi avait en effet démissionné après avoir perdu un référendum qu’il avait lui-même engagé. Paolo Levi, journaliste à l’agence Ansa, y voit également une manoeuvre politicienne, mais «Renzi a aussi soulevé des questions légitimes sur les 209 milliards d’euros du fonds de relance de l’UE». Reste à se mettre d’accord sur une répartition et à la faire valider par l’UE. Cette urgence, en plus de la crise sanitaire, a poussé le président de la République, Sergio Matarella, à proposer à Mario Draghi de former un nouveau gouvernement. Sans que l’affaire soit entendue, l’ancien gouverneur de la Banque centrale européenne paraît en bonne posture. «Il pourrait avoir une majorité si les partis gardent à l’esprit les urgences immédiates auxquelles doit faire face l’Italie », estime Ludmila Acone.