Cette année, la tenue de la cérémonie des César divise le monde du septième art
A quelques heures des nominations, les professionnels du cinéma sont divisés
Une cérémonie en quête de sens. A quelques heures de l’annonce des nominations ce mercredi, et un mois avant les récompenses prévues le 12 mars, les César vont devoir composer avec la moitié des films prévus en 2020 qui n’ont pas pu sortir. Autre urgence : faire oublier la dernière cérémonie, calamiteuse, qui les avait profondément ringardisés. Les César sauront-ils redevenir indispensables en 2021 ? Les professionnels du cinéma interrogés par 20 Minutes, sont partagés. « Le public n’a pas eu le temps de voir la plupart des films, et les professionnels ne pourront pas non plus les découvrir en salles, déclare Axel Brucker, organisateur de festival et ex-propriétaire du cinéma Mac-Mahon, haut lieu de la cinéphilie parisienne. Il aurait été élégant de supprimer la cérémonie cette année, pour éviter l’impression d’entre-soi dont on accuse trop souvent le monde du cinéma. »
Double peine
Le réalisateur et ancien critique Thierry Klifa ne partage pas ce point de vue : « Il y a quelque chose à défendre, au-delà même de la compétition. Des gens travaillent d’arrache-pied sur les César, la nouvelle gouvernance. » « Il est normal que les films qui ont pris le risque de sortir en salles puissent concourir, renchérit Jean-Paul Salomé, réalisateur de La Daronne, en lice pour plusieurs prix. Ce serait les condamner à une double peine que de supprimer les César cette année. » Comme les autres concurrents, il saura ce mercredi si son film est nommé ou pas.
A noter que les 4 292 votants (tous professionnels du cinéma) peuvent voir les longs-métrages qu’ils auraient manqués en se connectant à une plateforme, et découvrir des oeuvres dont la sortie a été tronquée, comme ADN, de Maïwenn, ou Garçon chiffon, de Nicolas Maury. « Je crois que toute cette énergie déployée aurait été mieux placée dans un combat ciblé pour la réouverture les salles, déplore, de son côté, Emmanuelle Spadacenta, rédactrice en chef du magazine spécialisé Cinemateaser. Une telle cérémonie paraîtra superflue dans le contexte actuel, alors que la profession va mal. »