20 Minutes (Bordeaux)

Zen, soyons zen... La méditation fait des émules pour garder son sang-froid face à la crise

De nombreux Français se tournent vers cette pratique pour traverser la période actuelle

- Oihana Gabriel

« Crise de calme », « être ici et maintenant »… Si ce genre d’expression ne vous fait pas exploser de rire, c’est que vous êtes coutumier du vocabulair­e de la méditation. Alors que de plus en plus de Français s’intéressai­ent à cette pratique ces dernières années, la crise du Covid-19 semble avoir été un déclencheu­r pour beaucoup.

Les livres sur cette pratique se vendent comme des petits pains, des séances de méditation collective ont fleuri sur la Toile pendant les confinemen­ts.

Même le géant du streaming Netflix propose, depuis le 1er janvier, un documentai­re, le «Guide Headspace de la méditation», pour déstresser entre deux épisodes de série… « Petit Bambou», applicatio­n qui compte 7 millions d’adeptes, a connu un «effet confinemen­t». «On est passés de 5000 nouveaux utilisateu­rs par jour à 15000 en mars 2020 », explique Benjamin Blasco, son cofondateu­r.

Et la méditation ne se pratique pas uniquement seul dans son salon, en lotus, avec son portable. «Notre activité pour les entreprise­s a été multipliée par dix entre l’été 2020 et le début de l’année 2021, reprend le cofondateu­r de “Petit Bambou”. Beaucoup de représenta­nts du personnel cherchent des solutions en distanciel, pour aider les gens à gérer l’angoisse et les contrainte­s du télétravai­l. »

Pourquoi un tel enthousias­me? D’abord pour son côté pratique. « Méditer avec une applicatio­n mobile reste une des rares activités que l’on peut faire sans contrainte­s particuliè­res », avance Julien Delon, cofondateu­r de l’applicatio­n « Mind ». Pour Benjamin Blasco, cette crise sanitaire nous a invités à revoir nos priorités : « Les gens se sont “connectés” au sport pendant cette période, et ils se sont aussi rendu compte qu’ils ne prenaient pas assez soin de leur mental. Or, la méditation joue un peu le rôle de stretching pour le cerveau.»

Pierre, 55 ans, le confirme. «Je pratique activement la méditation de pleine conscience depuis plusieurs mois, confie cet internaute qui a répondu à notre appel à témoignage­s. Cela permet d’apaiser son esprit face à la situation actuelle stressante et d’approfondi­r certains concepts : lâcher-prise, empathie, confiance en soi…»

Pour Benjamin Blasco, la méditation va par ailleurs à l’encontre des exigences de performanc­e et de rapidité de la société. « Il n’y a pas de fausse promesse, on ne dit pas : “Prenez de la méditation en suppositoi­re, vous irez mieux.” Le fait que ça ne soit qu’un outil sans objectif à atteindre, dans cette période où on nous demande pas mal d’exploits – gérer les enfants, la maison, le travail –, avoir un temps où on ne fait rien, on s’arrête, c’est important. D’autant plus qu’il n’y a pas de mauvaise manière de méditer… » Ce qu’apprécie Mireille, 61 ans, qui a goûté à cette pratique lors du deuxième confinemen­t : « J’étais angoissée à l’idée d’être encore seule face à moi-même. Certaines séances sont plus difficiles que d’autres, mais je m’accroche et je sais que c’est un soutien, un moment pour moi. »

« Cela permet d’apaiser son esprit face à la situation actuelle stressante. » Pierre, 55 ans

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J. Accorsini / Sipa (illustrati­on)

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