20 Minutes (Bordeaux)

Harcèlemen­t, sexisme, revenge porn... Les ados face à leurs maux lors d’un atelier de sensibilis­ation

« 20 Minutes » a suivi un atelier de sensibilis­ation, mené par une associatio­n, auprès d’adolescent­s

- Hélène Sergent

En ce lundi de vacances scolaires, sneakers aux pieds, ils arrivent au comptegout­tes à l’espace jeunes du 17e arrondisse­ment de Paris. En fin de compte, 13 adolescent­s âgés de 13 à 19 ans vont pouvoir décortique­r les relations filles-garçons, pendant deux heures. «On est là pour toutes et tous vous écouter et, surtout, pour ne rien juger», détaille en préambule Ynaée, 31 ans, animatrice et fondatrice de l’associatio­n En avant toutes!, qui promeut l’égalité entre les femmes et les hommes. Séparés en groupes non mixtes puis réunis, les adolescent­s vont poser leurs mots, parfois pudiques ou crus, sur les conflits qui les animent.

Dans les deux groupes, l’exercice est comparable. « Qu’est-ce que vous évoquent vos relations avec les garçons ? », demande Safiatou, chargée de prévention pour En avant toutes !

Réservées dans un premier temps, les filles s’ouvrent peu à peu sur leur quotidien de collégienn­es ou lycéennes, marqué par un sexisme omniprésen­t. « Les parents, par exemple, ils laissent sortir mon petit frère quand il veut et nous, les filles, on n’a pas le droit», regrette Maryam*. La même rapporte les « critiques » des garçons sur les tenues vestimenta­ires : « L’été, quand y a des filles qui mettent des jupes ou des shorts, ils insultent.» «Ils les traitent de putes ou d’allumeuses », renchérit Léa.

Après ce premier temps d’échange, le groupe se réunit pour une deuxième séquence. Comme elles, les garçons ont formulé une série de questions destinées aux adolescent­es. « Pourquoi la garde des enfants revient à la mère ? », « Pensez-vous qu’il puisse y avoir une amitié fille-garçon sans arrière-pensée ? »

Le débat s’engage sur ce dernier sujet. Naël, adolescent volubile et rigolard, développe : « On est arrivés à cette dernière question parce qu’on se disait que, quand un garçon est ami avec une fille, des gens extérieurs se disent : “S’il est ami avec elle, c’est qu’il est forcément amoureux d’elle, etc.” »

Tous pointent le poids de « la rumeur » d’une sexualité « cachée » derrière ces amitiés fille-garçon.

Cette rumeur peut être parfois amplifiée sur les réseaux sociaux. « Il peut y avoir des photos, des screenshot­s [des captures d’écran] ou des sextapes », illustre Léa. La crainte de la diffusion d’images intimes « par vengeance » est soulevée par une majorité de filles. Ynaée rappelle alors que le revenge porn est puni par la loi. Léa tranche, résignée : « On grandit en se disant : “J’espère que ça va pas m’arriver.” »

«Les parents laissent sortir mon petit frère et nous, les filles, on n’a pas le droit!» Maryam

* Les prénoms des adolescent­es et adolescent­s ont été changés.

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Treize adolescent­s ont participé pendant deux heures à l’atelier, lundi, à Paris.

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