« Malaisant », « distanciel », «OK, boomer»... Ces expressions qui cassent bien les oreilles
Des expressions, maintes fois entendues, deviennent insupportables pour certains de nos lecteurs
Crispantes, trop entendues… Certaines expressions à la mode nous font monter en pression. Qu’elles soient prononcées au bureau, en famille, dans les médias ou entre amis. Et c’est d’autant plus énervant que chacun de nous se surprend à les répéter. «Cette année, la pandémie a fait émerger de nouveaux mots, constate Adèle Bréau, autrice de Je suis choquée! De ouf! J’avoue! (éd. Leduc), qui vient de paraître. Mais beaucoup d’expressions utilisées depuis quelques années continuent à nous hérisser.»
A commencer par les tics de langage qui ponctuent toutes les phrases de certains, comme « J’avoue », « de base », « trop », « en même temps », « en mode »… « Ce sont des béquilles langagières qui permettent de se lancer », commente Adèle Bréau. René, qui a répondu à notre appel à témoins, fait part de son irritation : « Je suis agacé par l’utilisation de l’expression “du coup” à toutes les sauces, pour remplacer “donc”, “alors”, “puis”, “à la suite de cela”, “à cause de cela”… C’est pratique, mais sans aucune nuance. Ces répétitions sont usantes ! »
Le langage inventé par les adolescents et désormais utilisé par tout le monde ne fait pas l’unanimité non plus, comme les termes « gênance », « malaisant », « cheh », « de ouf », « le seum », « poucave »… Ce dont témoigne Mistone, qui déteste «“la moula”, cette expression inventée qui veut dire tout et n’importe quoi. Lorsqu’on demande une traduction précise, personne n’est d’accord ». « Certains adultes sont rétifs aux expressions des ados parce qu’ils ne les comprennent pas toujours et se sentent ringards, explique Adèle Bréau. Ils sont obligés de les googliser discrètement ! »
Cette année, le vocabulaire relatif à la crise sanitaire a aussi suscité son lot d’exaspérations. Comme chez Elisabeth, qui se crispe lorsqu’elle entend « “distanciation sociale”, alors qu’en réalité c’est une distanciation physique!» Les expressions comme « en présentiel », « en distanciel », « pas très Covid » « cluster » ou « confifi » ont aussi suscité beaucoup d’urticaire. «Car elles sont toutes connotées négativement et nous renvoient aux difficultés que nous vivons au quotidien », souligne Adèle Bréau. D’autres expressions nous dérangent car elles sont excluantes. C’est le cas de «OK, boomer», que Romain déteste, bien qu’il n’ait pas encore 40 ans : «Son pendant francisé c’est “d’accord dinosaure”. C’est l’expression la plus détestable qui soit quand on souhaite dénigrer une personne. Tout n’est pas à jeter dans ce qui se faisait avant, surtout le bon sens.»
Elisabeth se crispe quand elle entend « distanciation sociale ».