Un témoignage fragilise la défense de Nordahl Lelandais
La défense a été mise en difficulté par le témoignage d’une ex-amie de Nordahl Lelandais, accusé du meurtre d’Arthur Noyer
Il aura fallu attendre 17 h, mercredi, pour que Nordahl Lelandais vacille. Sans toutefois tomber. Jugé devant la cour d’assises de la Savoie depuis lundi pour le meurtre du caporal Arthur Noyer, l’accusé s’est retrouvé acculé par l’une de ses anciennes amies, Alexandra. «Alex» a une «très bonne mémoire». Cette faculté a fragilisé la ligne de défense de l’accusé, pour lequel elle ressentait de l’attirance. Oui, elle n’a pas été «insensible» au charme de l’ancien maître-chien à une époque. Elle le trouvait « prévenant, sympathique » : « C’est affreux à dire, mais c’était un super gars.» A quelques défauts près, souligne-t-elle. Ce besoin de «se mettre en avant», la jalousie qu’il pouvait éprouver «si d’autres hommes lui faisaient de l’ombre». Mais ce n’est pas ça qui lui a fait changer d’avis. C’est une soirée, celle de la nuit du 12 au 13 avril 2017. La veille, Nordahl Lelandais est suspecté d’avoir tué Arthur Noyer. Un «accident» provoquée à l’issue d’une bagarre sur fond d’ivresse, selon lui. Alexandra ne se doute de rien et propose à son ami de la rejoindre à l’issue d’une soirée d’entreprise. «On s’est retrouvés un peu plus tard dans un autre établissement, raconte le témoin de 44 ans. On a passé un super moment.» «Il était comme d’habitude, s’étonnet-elle encore. Il n’y avait aucun signe pouvant indiquer ce qui s’était passé.»
Pas de trace de coups au visage, non plus. «Si j’avais accidentellement tué quelqu’un, comme il le dit, je suis certaine que je n’aurais pas pu passer une soirée festive le lendemain, relève-t-elle. On ne passe pas à autre chose quand on a ôté la vie d’une personne. » Le témoin s’adresse alors à son ami : «C’est assez compliqué de voir le mal que tu as fait. Tu leur dois la vérité.» Debout, Lelandais peine à parler, mais cherche ses yeux. «Ce n’est pas moi qu’il faut regarder», le défiet-elle. «La vérité, je la donnerai, lâchet-il d’une voix douloureuse. Mais je ne sais pas quoi dire. » « Alors, dis-leur ce qui s’est passé, lui intime-t-elle. Tu le sais, au fond de toi. Tes amis le savent. Ce n’était pas un accident, c’est impossible.» Touché, Lelandais est interdit mais ne livre rien. L’amie tente à nouveau : « Tu le sais, on t’aurait aidé. Non pas à dissimuler la vérité, mais à l’assumer. » Lelandais se mure. Dans une dernière salve, «Alex» lui assène le coup de grâce : «Tu avais besoin de lumière, tu avais besoin de briller. Tu as choisi une drôle de façon de le faire.» Nordahl Lelandais doit être entendu sur les faits ce jeudi.
«Dis-leur ce qui s’est passé. Tu le sais, au fond de toi. Tes amis le savent.» Alexandra